"Le 7 août, mon mari, nos cinq enfants et moi, nous avons été placés dans le camp de réfugiés de Derik. Lorsque nous avons fui Sinjar, ma fille a été tuée par des balles de terroristes de Daech. Même aujourd'hui nous pleurons souvent, car nous ne pouvons pas oublier le massacre de Sinjar. Nous vivons un chagrin perpétuel. Nos enfants, nos filles et nos femmes ont été enlevés par les djihadistes de Daech, violés et vendus. De nombreuses jeunes femmes ayant subi des violences sexuelles ont mis fin à leurs jours", confie à Sputnik la Yézidie Lina Rehime.
La ville de Sinjar et ses alentours, peuplés principalement par des Yézidis, ont été occupés par Daech le 3 août 2014. Plus de 400.000 habitants locaux ont été contraints de se réfugier dans les montagnes. Des milliers de femmes et d'enfants ont été capturés par les terroristes. Des centaines d'entre eux ont été ensuite exterminés. L'Onu et le gouvernement irakien ont déjà qualifié ce terrible massacre de génocide du peuple yézidi.
"J'ai fui avec les enfants lorsque notre ville a été attaquée. Nous avons marché pendant plusieurs jours. Même aujourd'hui je tremble à la seule pensée de ces événements", révèle à son tour Roza Mohammed, qui a eu la chance de se sauver.
3.764 Kurdes-yézidis restent toujours entre les mains des djihadistes. Ils sont détenus dans des villes syriennes et irakiennes occupées par Daech. Des femmes et des jeunes filles yézidies ont été réduites en esclavage et subissent depuis des mois des violences sexuelles.
Le 14 novembre 2015, les forces kurdes ont réussi à arracher Sinjar des mains des djihadistes. Cependant, quelques villages avoisinants restent occupés.
Les Kurdes ne se précipitent pas pour retourner à Sinjar. Ils considèrent que tant que Mossoul et Talafer ne seront pas libérées, leur ville natale ne sera pas sécurisée.
"Nous n'avons pas l'intention de retourner dans notre ville et nos villages tant que les alentours et Mossoul ne seront pas libérés. Daech peut nous attaquer à tout moment. Nous en avons peur", poursuit Roza.
Après avoir mis leurs familles à l'abri, de nombreux hommes sont retournés à Sinjar pour lutter contre les islamistes et leur arracher le contrôle de la ville. Tel est le cas de Djasem Venna.
"Avec mon épouse et nos 10 enfants, nous sommes arrivés dans un camp de réfugiés le 8 août 2014. Après avoir laissé ma famille ici, je suis retourné à Sinjar pour combattre Daech. Nous voulons retourner dans nos villages au plus vite. Mais la ville, nous ne pouvons pas y retourner, il n'en reste que des ruines", raconte-t-il.
"Ils ne parviennent pas à se mettre d'accord entre eux et ce problème se répercute sur notre retour", conclut Djassem.