Selon Florian Silnicki, expert français en stratégie de communication, président fondateur de l'agence parisienne de communication LaFrenchCom, "la guérilla digitale présente dans toutes les campagnes politiques est désormais une guerre digitale. Elle éclate au grand jour." H. Clinton qui semble avoir un vrai problème avec la sécurité informatique est très vulnérable devant D. Trump. "Ce qu'elle semble avoir compris en utilisant une stratégie de communication politique dite de l'évitement: créer une affaire dans l'affaire, en désignant immédiatement un +ennemi extérieur+ comme source du piratage électoral: la Russie."
La question russe est utilisée par Hillary Clinton comme un levier stratégique de communication, d'après notre interlocuteur. "Elle tente ici un double pari stratégique. D'abord, elle utilise cette question pour le +cornériser+ sur l'échiquier politique. Ensuite, elle tente de le désigner [Trump, ndlr] insidieusement comme un +ennemi intérieur+ potentiellement très dangereux pour l'indépendance de la nation américaine. Cela lui permet de renforcer le caractère excessif que l'opinion publique américaine prête déjà à Donald Trump. Mais surtout, cela permet à Hillary Clinton de se construire un leadership aux dépens de Donald Trump."
Le candidat républicain ne dédaigne pas la pêche en eaux troubles. Ses équipes tentent depuis le début de la campagne de s'atteler à démontrer que la politique étrangère américaine est une catastrophe. "Cela permet aux communicants politiques de l'équipe Trump de stigmatiser Hillary Clinton qui incarne cette politique étrangère", analyse F. Silnicki.
"C'est très pratique, l'image de l'ennemi est toujours nécessaire dans un combat politique intérieur surtout quand on n'a pas de programme électoral… C'est le scénario classique auquel quand même on doit ajouter une deuxième réflexion: c'est que Poutine devient le centre du monde aux yeux des Américains, ce qui est quand même très paradoxal si l'on pense à la tradition des États-Unis qui sont un pays très fermé sur lui-même et regardant rarement le monde. Et donc voir une campagne électorale se faire sur le dos d'une personnalité internationale, c'est aussi quelque part la preuve que les États-Unis ne sont plus la seule puissance dominante. Plus ou moins consciemment, les États-Unis en sont conscients." Selon M. Drweski, c'est un jeu de ping-pong ayant pour objectif de conforter des bases électorales avec les arguments que l'on trouve.
"Ce n'est d'ailleurs ici pas tant la question russe que la question internationale qui est essentielle du point de vue de la stratégie de communication politique engagée par les deux candidats en présence. En effet, la question internationale est une prérogative essentielle du président américain. Chaque candidat doit faire la preuve de sa compétence en la matière pour pouvoir prétendre incarner ses fonctions", conclut M. Silnicki.
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