La normalisation des relations russo-turques suit donc son cours. Ce qu'il est particulièrement intéressant d'observer, c'est la rhétorique ouvertement pro-russe de nombre de hauts placés turcs et parallèlement un discours de plus en plus hostile aux USA et à l'UE.
Petit rappel:
« Le pays qui héberge le principal accusé de la tentative de coup d'Etat en Turquie (Fethullah Gülen) ne peut pas être un ami du nôtre », Binali Yildirim, Premier ministre turc, le lendemain de la tentative de putsch.
« La Russie est non seulement notre proche voisin et une amie mais également un partenaire stratégique. Comme nous avons été confrontés à une situation indésirable, nos relations ont été interrompues à un moment donné. Pourtant nous sommes ici aujourd'hui pour accélérer la normalisation de nos relations, pour les faire finalement revenir à un niveau supérieur à celui du 24 novembre dernier », Mehmet Simsek, vice-premier ministre de Turquie.
Tout cela est donc fort intéressant à suivre et observer. Après tout c'est aussi logique. Economiquement et commercialement parlant la Turquie est beaucoup plus liée à la Russie qu'aux USA. On en avait déjà parlé précédemment. Plus de 35 milliards d'échanges bilatéraux avec pour objectif d'en arriver à 100 milliards d'ici 2020. C'était en tout cas le but fixé par Poutine et Erdogan avant les événements de novembre 2015. Quant à l'UE, en proie à d'énormes difficultés sécuritaires, idéologiques, économiques et sociales, la Turquie ne s'y fait pas trop d'illusions non plus. Si ce n'est de tenter à dicter ses conditions à Bruxelles pour limiter le flux migratoire transitant massivement par la Turquie.
L'autre question fort importante et qui nous intéresse concerne bien évidemment la Syrie. Plusieurs experts et hommes politiques turcs prédisent un consensus du leadership turc sur la Syrie, jusqu'ici tout aussi responsable du chaos y régnant, au même titre que les Occidentaux, Saoudiens et autres Qataris. Mais si la Turquie allait à faire marche arrière dans ses positions anti-Assad, en stoppant sa « collaboration » avec différents groupes terroristes (« rebelles modérés » diront certains), la « coalition » étasunienne se verrait définitivement obligée à oublier ses plans de faire tomber le gouvernement légitime syrien. On n'en est pas encore là. Mais nous allons suivre avec grande attention. D'autant plus qu'on parle de pourparlers déjà en cours en Algérie entre les représentants des gouvernements turc et syrien, en vue de tenter de normaliser aussi leurs relations.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.