L'état d'urgence en vigueur en France ne suffit pas pour bloquer les attaques terroristes pareilles à celle de Nice, a déclaré à Sputnik Julien Aubert, député de Vaucluse et vice-président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
"L'état d'urgence ne suffit pas à lui seul à bloquer tout type d'attentat. Celui de Nice en est un bon exemple. Puis c'est vrai aussi que l'état d'urgence n'est rien s'il n'est pas assorti par un nombre de mesures extrêmement concrètes visant à réformer notre législation pour être beaucoup plus efficace à la fois dans la prévention et dans la répression des attentats et leurs auteurs", a déclaré M.Aubert.
D'après le député, il importe d'opter pour des mesures d'exception pour éviter la répétition des attaques terroristes en France.
"Pour l'instant, malheureusement, le gouvernement ne souhaite pas aller vers une législation d'exception, souhaite rejeter un certain nombre de mesures que nous avions proposées comme notamment la fermeture des mosquées salafistes, assignation à résidence 24/24 ou l'une des mesures les plus symboliques qu'était la possibilité de mettre en rétention administrative des individus fichés S, jugés dangereux", a dit M.Aubert.
Jean-Frédéric Poisson, député et rapporteur pour le contrôle parlementaire sur l'état d'urgence, appelle aussi les dirigeants français à réformer la législation française au lieu de durcir les dispositions pénales de l'état d'urgence.
"Ce qui est regrettable c'est que ces dispositions pénales sont justifiées par le fait qu'elles sont prises dans le cadre de l'état d'urgence. Certaines d'entre elles seraient tout à fait légitimes dans un cadre plus général. Ce qui démontre bien que l'état d'urgence est un mauvais véhicule pour faire une réforme pénale", a-t-il indiqué à Sputnik.
"Je pense que l'efficacité de l'état d'urgence et toute sa justification reposent sur son caractère soudain et sur sa brièveté. Dans la mesure où il est engagé maintenant depuis plus de huit mois, il n'est plus soudain et il n'a plus rien de bref. L'ensemble de personnes qui avaient soit quelque chose à cacher, soit qui avaient intérêt à déménager ou à se mettre à l'abri des perquisitions ou des assignations à résidence, désormais sont parfaitement éloignées de tout ce qui pourrait les gêner, ils ne sont plus à la portée des forces de l'ordre. Donc ces dispositions ne sont pas utiles", a estimé M.Poisson.
Le Sénat français a adopté le 20 juillet, par 310 voix contre 26, le projet de loi prorogeant l'état d'urgence pour une durée de six mois, jusqu'en janvier 2017, que l'Assemblée nationale avait voté quelques heures plus tôt à une très large majorité.