"Oui, les forces spéciales sont là", a déclaré Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement au sujet de la présence militaire française en Libye. Plus tard dans la journée, le ministère de la Défense a également confirmé la mort de trois sous-officiers français, officialisant ainsi la présence des forces françaises dans ce pays. Silence radio en revanche sur les objectifs de cette mission, couverts du pudique voile du "renseignement" par François Hollande.
Quel est le rôle de la France dans cette guerre contre l'État Islamique? Est-ce qu'en combattant l'État Islamique, ou en tout cas en l'attaquant, en limitant son avancée dans les pays étrangers, on a réussi à sécuriser les Français à l'intérieur du pays? Est-ce que l'on peut mener une guerre à l'étranger tous azimuts, en Libye, au Mali, en Syrie et en Irak et parallèlement sécuriser la nation ici? Est-ce que la France a les moyens d'être présente militairement sur tous ces fronts et à long terme? Parce que l'éradication de l'État Islamique n'est malheureusement pas pour demain, comme on le sait. Donc, voilà les questions qu'il faut se poser. Personnellement, je ne suis pas surprise par la révélation qui a été faite, puisque nous en avons déjà débattu, c'est une présence qui est avérée, c'est une présence qui a un double objectif. Mais aujourd'hui, c'est la question de la pertinence de cette présence qu'il faut soulever.
Cela apporte de la confusion et on ne comprend pas très bien l'attitude de la France et des Britanniques. Officiellement, c'est le gouvernement de M. Fayez el-Sarraj qui est soutenu par la communauté internationale et on favorise le processus de réconciliation en cours. Mais en même temps, on soutient le général Haftar qui est clairement hostile au gouvernement de M. Fayez el-Sarraj. Donc, je crois que c'est un aspect qu'il va falloir clarifier très très rapidement pour éviter que nous soyons pris pour cible des deux côtés. C'est un peu le danger qui nous guette actuellement en Libye. […] Par ailleurs, on sait que le général Haftar est un homme qui a tout le soutien de l'Égypte, qu'une partie de sa logistique vient d'Égypte et que lui, il a fait de son combat contre Daesh quasiment un combat personnel pour tenter de s'imposer sur la scène politique libyenne. Jusqu'à présent, toutes les grandes offensives qu'il a lancées se sont soldées par des échecs.
C'est vraiment regrettable que la France ne donne pas de justification. Il n'y aucune justification de la part des autorités françaises sur cette présence militaire. On sait que d'autres interventions militaires ont eu lieux contre l'EI en Libye par les États-Unis, qui ont souligné à cette occasion qu'ils intervenaient sur la base du consentement ou du moins que les autorités libyennes étaient informées de cette intervention. […] Si le gouvernement d'union national précise que les troupes françaises peuvent être présentes et bien il n'y a plus aucun problème au regard du droit international puisque l'action française serait dirigée contre des groupes terroristes, pas contre des groupes armés d'opposition, là c'est plus discutable.
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