Etat d'exaspération
Les mots employés par le ministre ou par le Président soulèvent un immense problème. Non que ces démonstrations soient normales. En démocratie, en temps normal, elles ne devraient pas avoir lieu. Mais nous ne sommes ni dans des temps « normaux », à moins que l'on ne considère 3,5 millions de chômeurs comme une « norme », ni non plus dans un pays démocratique si l'on en juge à l'aune des violences policières qui ont marqué les dernières manifestations contre la loi El Khomri. C'est bien le problème.
Le mépris et l'indignité
Le discours tenu par les divers membres du gouvernement est donc celui de l'indignation. Mais, cette indignation est bien trop sélective pour être honnête. Les militants socialistes ne se sont pas privés, dans l'histoire de ces quarante dernières années soit de soutenir des manifestations interpellant directement des ministres de droite, soit d'apporter, dans la presse, à de telles manifestations. Car, ces dernières font partie — aussi — de la démocratie. Assurément, cette démocratie n'est point apaisée, mais il faut comprendre que cette notion d'apaisement recouvre soit l'existence d'un consensus, mais rien dans la politique menée par ce gouvernement n'y conduit, soit, en réalité le silence de la répression du mouvement social. Et ce silence est bien souvent un silence de mort. Voilà pourquoi cette « indignation » des membres du gouvernement porte à faux.
Cette « indignation » est donc révélatrice en réalité de deux attitudes. Elle peut nous révéler le mépris profond dans lequel le Présidents comme ses ministres tiennent le peuple dit des « sans dents ». C'est le syndrome Marie-Antoinette. Et l'on connaît le mot, sans doute apocryphe, qu'elle prononça en pleine famine « s'ils n'ont plus de pain, qu'ils mangent de la brioche ».
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.