Le ramadan: un défi pour la laïcité en France?

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Depuis ce week-end, les habitants de Lorette, petite commune de 4.500 habitants dans la Loire, ont découvert deux messages sur les panneaux d'affichage municipaux: "Avis: le ramadan doit se vivre sans bruit" et "Avis: la république se vit à visage découvert".

A quelques heures du début du ramadan, ces avertissements ont créé un tollé sur les réseaux sociaux.

Laïcité? Surtout un idéal, un principe de la République. Laïcité, c'est une loi qui distingue le pouvoir politique des organisations religieuses, lorsque l'Etat doit rester neutre et garantir la liberté de culte.

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Et c'est ainsi que l'entend Gérard Tardy, le maire divers droite de Lorette, petite commune de 4.500 habitants de la vallée du Gier dans la Loire. Sans pour autant s'abstenir d'une petite piqure de rappel: "Avis: le ramadan doit se vivre sans bruit" et "Avis: la république se vit à visage découvert", les inscriptions qu'on peut lire sur les panneaux d'affichage municipaux.

Ces avertissements provoquent des réactions mitigées: "Provocation et agression!", prétend une passante voilée. "Normal, c'est à leur communauté de s'adapter à nos pratiques de religion", rétorque un autre.

Camel Bechikh, président de l'association musulmane "Fils de France", explique à Sputnik que, pour lui, la réaction du maire est tout à fait normale.

Selon lui, le tapage nocturne est un vrai problème. Pendant le ramadan, le repas se fait au coucher du Soleil, et une fois que la nuit est tombée, une prière particulière commence. "Après la prière, les gens prennent le temps pour rester devant une mosquée pour bavarder. C'est un moment de relâchement, et ça nuit au voisinage".

M.Bechikh souligne que beaucoup d'imams rappellent que cette prière n'est pas une obligation, contrairement aux cinq prières par jour.

"En revanche, la tranquillité des voisins, en éthique musulmane est prioritaire. Il est plus important de respecter le bien-être des voisins, que pratiquer cette prière particulière la nuit du ramadan. La demande du Maire est légitime et correspond au +vivre ensemble+", a-t-il indiqué.

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Pour concilier les religions, quelle voie choisir? Plusieurs voies sont possibles pour le sociologue Samir Amghar, de l'European Foundation for Democracy de Bruxelles, auteur de l'ouvrage "Le Salafisme d'aujourd'hui".

Pour lui, tout dépend de ce qu'on entend par laïcité. "On peut avoir deux interprétations qui s'affrontent: une qui explique qu'il faut privatiser l'espace publique et faire ne sorte que l'espace publique ne soit pas un théâtre d'exposition religieuse pour éviter d'éventuels conflits interconfessionnels, une autre qui soit fondée sur la liberté des croyants".

"La laïcité est un système qui permet aux individus de croire, comme de ne pas croire", a-t-il lancé dans un entretien à Sputnik.

Selon M.Amghar, la laïcité est une base de conciliation non seulement des différentes religions, mais aussi une possibilité de vivre ensemble avec les athées.

Il note que la laïcité a été créé en Belgique et en France dans le but de pacifier l'espace politique, d'éviter que celui-là soit un lieu d'affrontement au nom de la religion. C'est la possibilité pour les gens de croire n'importe quelle religion ou ne pas croire.

"J'ai la possibilité en France et en Belgique d'exprimer ma non-croyance. Même, je peux exprimer mon athéisme, sans que cela puisse choquer les croyants. De même, les athées n'ont pas à être choqués de ma croyance religieuse", a-t-il fait remarquer.

Quant à la Russie, une autre voie multiconfessionnelle a été trouvée: une tente du ramadan a été installée à Moscou. Elle est accessible à tous sans restrictions de convictions religieuses jusqu'à la fin du jeûne sacré des musulmans. Des conférences et débats, des journées thématiques et rencontres y auront lieu.

Pour Camel Bechikh, cette action s'inscrit dans une démarche logique de l'Etat russe adoptée historiquement.

"Les musulmans et les orthodoxes vivent la culture russe, vivent la logique historique, politique, sociologique russe ensemble, de manière non discriminée. Ce n'est que par le radicalisme influencé par l'Amérique et l'Arabie saoudite lors des évènements au Daghestan ou en Tchétchénie, qu'il a eu des frictions. Mais cela a été organisé depuis l'extérieur", a affirmé M.Bechikh.

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