Après l'adoption par le Bundestag d'une résolution qui qualifie de "génocide" le massacre des Arméniens dans l'Empire ottoman, l'Allemagne est préoccupée par la réaction de la Turquie, écrit Der Spiegel.
Selon l'hebdomadaire, il s'agit avant tout de la coopération militaire, notamment du déploiement d'avions de reconnaissance allemands Tornado sur le territoire turc et de la mission conjointe visant les passeurs de migrants en mer Egée.
Autrement dit, le ministère allemand de la Défense craint que la Turquie "indignée" n'entrave ou ne fasse même échouer la mise en œuvre des projets conjoints, estime Der Spiegel.
Et de rappeler qu'Ankara était un partenaire stratégique de Berlin dans la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique (Daech), et que les Tornado allemands partant en reconnaissance au-dessus des territoires syrien et irakien s'envolaient depuis la base aérienne turque d'Incirlik.
Indigné par la décision du Bundestag de reconnaître le génocide arménien de 1915, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fustigé cette démarche, en prévenant qu'elle ne manquerait pas de se répercuter sur les relations entre Berlin et Ankara.
"La Turquie analysera cette décision pour prendre des mesures qui s'imposent", a-t-il menacé.
Le Bundestag a qualifié de génocide la déportation et les massacres des Arméniens dans l'Empire ottoman. La Turquie a considéré cette décision comme erronée et a rappelé son ambassadeur de Berlin.
Ankara s'oppose toujours à toute reconnaissance du génocide arménien par la communauté internationale. La Turquie soutient que la mort de plusieurs centaines de milliers d'Arméniens et d'autres minorités non-musulmanes, entre 1915 et 1917, était bien une tragédie, mais ne constitue pas un génocide. Les Arméniens et la majorité des chercheurs du monde entier qualifient l'événement de génocide et plus de 20 pays, dont la Russie, le reconnaissent officiellement en tant que tel.