Le parlement turc a largement approuvé vendredi une réforme constitutionnelle controversée qui lève l'immunité des députés visés par des procédures judiciaires, suscitant une vive inquiétude, en Turquie et en Europe, sur l'avenir des élus pro-kurdes, rapportent les médias internationaux.
Présenté par le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir en Turquie, le texte a reçu l'aval de 376 des 550 députés. L'opposition estime que cette nouvelle loi vise à réprimer la dissidence, alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan parle d'"un vote historique".
"Mon peuple ne veut pas voir au parlement des députés qui ont commis des crimes et surtout pas ceux qui soutiennent l'organisation terroriste séparatiste (expression désignant le Parti des travailleurs du Kurdistan +PKK+, ndlr)", a martelé le chef de l'Etat devant les journalistes.
M.Erdogan ne cesse de répéter qu'il ne fait "aucune différence" entre les "terroristes qui portent une arme" et ceux qui font de la "propagande terroriste", et de nombreux journalistes et universitaires ont été poursuivis pour ce chef d'accusation.
Evoquant la nouvelle loi, les journalistes parlent d'"une épée de Damoclès contre les députés de l'opposition" et du démantèlement de la démocratie parlementaire en Turquie.
Par ailleurs, le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde), accusé par le pouvoir turc d'être la "vitrine politique" du PKK, dénonce une manœuvre du gouvernement pour l'évincer du parlement, où il est actuellement la troisième force.
Selon les analystes, la Turquie a fait un grand pas en avant vers l'autoritarisme et le règne d'un seul homme.