Le journaliste de l'agence Sputnik Mohamad Marouf s'est rendu dans les provinces de Homs et de Hama pour trouver des rescapés de ce carnage et recueillir des témoignages.
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— Sputnik France (@sputnik_fr) 18 мая 2016 г.
Il donne ici des détails sur son périple.
Dans une maison inachevée, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à leurs parents et proches morts il y a seulement quelques jours à al-Zara.
On entend les lamentations et les pleurs des femmes et des enfants. Des hommes âgés assis autour de la table gardent le silence, les yeux rivés sur le sol.
Une femme, Im-Alia, qui a pleuré toutes les larmes de son corps, a du mal à parler.
"Des hommes armés sont venus au village vers quatre heures du matin. Le carnage a commencé quand tout le monde dormait. Ils ont tué des enfants, ont enlevé des femmes et ont torturé des hommes. Moi, mon mari et nos cinq enfants avons été réveillé par des coups de feu. Mon mari s'est précipité vers la porte et nous avons entendu les appels au secours de notre voisin", confie Im-Alia, avant de prendre son visage dans ses mains et de se remettre à pleurer.
Poursuivant entre deux sanglots, elle raconte que son mari a pris un fusil et est parti pour porter secours à d'autres personnes sans qu'on le revoit depuis. Ensuite, quelqu'un est venu l'avertir qu'il fallait prendre la fuite. A deux pas de leur maison, un fils et une fille d'Im-Alia ont été blessés par balles. Il a fallu rentrer pour faire des pansements, puis ils sont repartis, en rampant sur le sol couvert de pierres et d'épines pendant deux heures avant de rencontrer les militaires et d'être conduits à l'hôpital de Hama.
Dans ce quartier situé à la sortie de Homs, tout est en ruine et toutes les personnes y demeurant sont en deuil. Quand on entre dans la cour d'une maison modeste, on a une impression de déjà-vu: tous sont vêtus de noir, les visages sont mouillés de larmes et les sanglots ne cessent pas.
La famille d'Abou-Mouhammad al-Sittini pleure ses parents tués et ses voisins qui n'ont pas réussi à se sauver en ce matin fatal.
"Dans la famille d'Ali Hassan, tous ont été tués: le père, trois jeunes filles célibataires et cinq enfants. Chez les Shaaban, tous ont été fusillés. Abou-Jaafar et les 20 membres de sa famille ont été également exécutés", raconte Abou-Mouhammad d'un ton morne.
"Au total, une centaine de nos villageois ont été tués, des vieillards et des enfants pour la plupart", ajoute Abou Mouhammad, qui a perdu un frère.
Un ami de la famille, Abou-Ghaith, dit que les djihadistes tuaient surtout des vieillards qui, selon eux, ne servaient à rien. Des femmes et des jeunes filles ont été prises comme esclaves pour un commandant du Front al-Nosra. Pendant le carnage, un doyen centenaire d'al-Zara a été exécuté sous les yeux de son fils.
"Tout le monde parle de la trêve. Mais où est-elle? Tout le monde parle de l'aide humanitaire venant de toutes parts. Dans notre village misérable, nous n'avons rien reçu, comme si nous n'existons pas", déplore-t-il.
"Il y a une semaine, personne ne pouvait imaginer que les djihadistes attaqueraient le village: c'était la trêve", explique l'interlocuteur du journaliste.
Quant à Abou-Mouhammad, il ne parvient pas à comprendre pourquoi il n'y a aucune réaction de la communauté internationale aux massacres des Syriens.
"Où est la communauté internationale? Pourquoi tous se taisent et n'entreprennent rien face à l'extermination des Syriens", interroge-t-il.
Des photos ont été mises en ligne ces derniers temps sur les pages Web du Front al-Nosra, d'Ahrar al-Sham et de Jaysh al-Islam, sur lesquelles des djihadistes hilares posent, un pied sur un cadavre. A en juger par ces seules photos, plus de 50 enfants, femmes et vieillards ont été tués. Le massacre d'al-Zara est le plus meurtrier de toutes les attaques contre la population alaouite en Syrie au cours de ces deux dernières années de guerre.