La Libye va recevoir des armes pour combattre Daech

L'accord pour apporter une assistance militaire au gouvernement d'unité national siégeant à Tripoli a été conclu à Vienne pendant la réunion du Groupe international de soutien à la Libye, avec la participation des diplomates de plus de 20 États, dont la Russie. Cinq ans après le renversement du régime de Mouammar Kadhafi et l'adoption d'un embargo sur les armes vis-à-vis de Tripoli, la Russie et l'Occident cherchent de nouvelles solutions pour coopérer sur ce dossier afin d'empêcher l'apparition d'un nouvel avant-poste terroriste dans la région. Le problème est d'autant plus d'actualité que Daech a pris le contrôle du territoire côtier entourant Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi.

Cette configuration représente une menace particulière pour l'Europe car en contrôlant la zone, les djihadistes ont aussi la main sur le flux de réfugiés partant en Italie depuis le littoral libyen et peuvent envoyer vers l'UE leur "agents dormants" en les faisant passer pour des migrants pacifiques.

La situation est d'autant plus grave qu'aucun des gouvernements libyens en concurrence ne considère la lutte contre Daech comme une priorité. Certains experts occidentaux de la lutte antiterroriste estiment toutefois que les islamistes radicaux n'ont pas encore réussi à s'enraciner en Libye aussi profondément qu'en Syrie ou en Irak, faute de bénéficier du soutien de la population locale. La plupart des extrémistes de l'État islamique qui se battent sur le "front libyen" sont en effet des ressortissants d'autres pays.

Disposant d'effectifs limités, les islamistes se sont longtemps gardés d'engager des offensives dans les profondeurs du pays, préférant renforcer leur avant-poste autour de Syrte. Mais au printemps, les troupes de Daech se sont nettement activées en Libye, notamment grâce à l'arrivée de "sang neuf" — l'opération antiterroriste menée en Syrie et en Irak par la Russie et la coalition internationale menée par les USA a poussé de nombreux terroristes à quitter le Moyen-Orient pour se rendre en Afrique du Nord.

En mars 2016, un responsable du renseignement marocain a également fait part des plans de l'État islamique de déménager le QG du groupe en Libye. Les troupes de Daech ont tenté de prendre le contrôle du croissant pétrolier où se trouvent les grands terminaux d'exportation des hydrocarbures (Ras-Lanuf, as-Sidr et Ben Jawad). C'est cette montée en puissance des islamistes en Libye qui a poussé les puissances internationales à se pencher sérieusement sur ce problème lors d'une réunion dans la capitale autrichienne.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.