Le tribunal de grande instance de Hambourg (nord), saisi en référé, a interdit mardi à l'auteur du fameux poème satirique insultant le président turc Recep Tayyip Erdogan de faire la lecture publique de plusieurs passages de son texte, annonce l'AFP.
Sur les 24 lignes de ce poème, dans lequel le président turc était notamment traité de pédophile et de zoophile, seules six subsistent dans la version annotée par l'ordonnance rendue par le tribunal.
"Dans le cadre d'une critique à l'encontre du comportement d'un tiers exprimée sous forme de satire, il existe des limites qui se trouvent atteintes lorsqu'il s'agit d'un outrage pur ou d'une insulte formelle qui blessent la dignité de la personne", explique le tribunal.
"D'après la chambre (du tribunal, NDLR), cette limite a été outrepassée dans certains passages du poème", poursuit le communiqué de la juridiction.
Il entendait ainsi démontrer par l'absurde combien le pouvoir turc avait eu tort de s'attaquer à un autre texte, en l’occurrence une chanson diffusée 15 jours plus tôt à la télévision allemande et qui critiquait la remise en cause des libertés publiques en Turquie.
L'affaire a empoisonné les relations entre l'Allemagne et la Turquie, partenaires cruciaux dans la gestion de l'afflux de migrants en Europe.
La chancelière Angela Merkel a autorisé — comme le requiert le code pénal allemand dans le cadre du délit d'insulte à un représentant d'un Etat étranger — les poursuites souhaitées par Ankara contre l'humoriste, qui devra donc répondre de son poème devant un tribunal.