Les plus grands affairistes du début du XXIe siècle

© AFP 2024 Ernesto Benavidesdollars
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S'enrichir sur le dos des autres est toujours aussi lucratif: pour certains, il s'agit de se remplir les poches le plus vite possible, pour d'autres c'est un jeu de hasard flirtant avec les limites. Au début du XXIe siècle, rien n'a changé ou presque. Voici la liste des plus célèbres créateurs de pyramides financières des années 2000 et 2010.

Bernard Madoff, ex-président du NASDAQ

Bernard Madoff figure à juste titre en tête de tous les classements des escrocs financiers. Après avoir économisé ses premiers 5 000 dollars — probablement les seuls qu'il a gagnés honnêtement — en travaillant comme sauveteur à la plage et installateur de matériel de jardin pendant ses études au collège de New York, il s'est servi de cet argent au début des 1960 pour créer le fonds d'investissement Madoff Investment Securities, qui a acquis avec le temps la réputation de l'un des plus fiables et les plus rentables des USA. Ce fonds proposait un revenu stable de 12 à 13% d'intérêts avec un risque zéro de non-retour des investissements. Et nombreux ont été ceux qui ont voulu placer leur argent selon ces conditions. Madoff Investment comptait parmi ses clients des grandes banques, des fonds alternatifs, des organisations caritatives ainsi que des personnalités européennes et des célébrités hollywoodiennes.

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Avec les années, Madoff a impliqué dans l'entreprise les membres de sa famille — son frère, ses fils et ses neveux. Avec son épouse, il a monté une fondation caritative qui donnait des millions de dollars pour la culture et l'art. Il a aussi participé à la création de la bourse américaine NASDAQ avant de présider son conseil d'administration dans les années 1990. Le fonds Madoff faisait alors partie des plus grands acteurs de cette bourse.

La crise économique mondiale de 2008 a détruit l'empire Madoff et sa réputation de grand financier: à la fin de l'année, plusieurs grands investisseurs ont demandé que leur soit retourné leur argent ou leurs actifs pour un total de 7 milliards de dollars. Le fonds gérait à l'époque 17 milliards de dollars et il s'est avéré qu'il était une pyramide classique qui versait de l'argent aux investisseurs seulement grâce à l'arrivée de nouveaux clients.

Madoff a tout avoué à ses fils, qui l'ont dénoncé à la police. Cette manipulation a touché de grandes structures financières comme HSBC, BNP Paribas, la Royal Bank of Scotland, Banco Santander et bien d'autres. On ignore le préjudice total infligé par ces manigances financières mais les estimations vont jusqu'à 160 milliards de dollars. Le tribunal de New York a condamné Madoff en 2009 à 150 ans de prison. Son épouse a dû renoncer à tous les objets de luxe et à ses propriétés immobilières pour couvrir une partie du préjudice infligé. L'un de ses fils s'est suicidé en 2010 et un autre a écopé de 10 ans de prison.

 

Bernard Ebbers, fondateur de WorldCom

L'ancien professeur d'éducation sportive Bernard Ebbers a créé — puis ruiné — l'une des plus grandes compagnies de télécommunication aux États-Unis. Pourtant, ce n'est pas l'histoire des manipulations financières de cet individu qui mérite d'être adaptée au cinéma, mais plutôt sa destinée.

Élevé dans la famille modeste d'un commerçant (on ignore ce que son père vendait exactement) qui changeait constamment de domicile, le futur milliardaire manquait souvent d'argent — ne serait-ce que pour s'acheter un hamburger. Ses études dans un collège sportif ne lui promettaient pas non plus de grandes perspectives, et un traumatisme reçu dans une bagarre a finalement tiré un trait sur son rêve de carrière dans le basketball. Bernard Ebbers s'est alors lancé dans les affaires, en commençant par le poste de gérant d'un petit hôtel. Il a rapidement gravi les échelons pour devenir dirigeant d'un réseau de motels.

En 1984, il a fondé avec un ami la société de télécommunication Long Distance Discount Services Inc. (LDDS), qui est devenue sous sa direction le deuxième plus grand groupe de télécommunications du pays. La stratégie d'Ebbers était simple: il dépensait tous les revenus de la compagnie dans l'absorption de petits acteurs locaux. La montée en puissance de la LDDS (rebaptisée WorldCom au milieu des années 1990) a coïncidé avec l'effondrement du géant des télécommunications AT&T — les autorités avaient en effet forcé le monopole à se diviser. Mais l'avidité a causé la perte d'Ebbers: WorldCom s'est mise à acheter des sociétés dont la valeur dépassait largement la sienne et Ebbers a chargé son adjoint Scott Sallivan de falsifier la comptabilité pour dissimuler les pertes. Il a quitté le poste de directeur de la compagnie avant que la supercherie n'éclate au grand jour — et la pyramide s'est effondrée. Il n'a pas échappé à la prison pour autant: en 2005, le milliardaire a été condamné à 25 ans derrière les barreaux.

 

Allen Stanford, propriétaire du Stanford Financial Group

En 2012, le tribunal a condamné le financier américains Allen Stanford. Comme Bernard Madoff, ses pratiques avaient été percées à jour par la crise de 2008.

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A la fin des années 1970, ce Texan inventif a ouvert une salle de sport dans la ville de Waco, qui a fait faillite quelques années plus tard. Il a ensuite gagné ses premières sommes d'argent importantes dans l'immobilier. Son père, James Stanford, était son partenaire et mentor. Déjà détenteur d'importants capitaux, Allen a déménagé dans l'État insulaire d'Antigua-et-Barbuda (Caraïbes) où il a enregistré sa Stanford International Bank.

Au début des années 1990, son père a pris sa retraite et Allen a racheté sa part dans l'affaire familiale, la compagnie d'investissement Stanford Financial Group, pour devenir son unique propriétaire et dirigeant. Il proposait aux épargnants de sa banque de faux certificats de dépôt qui "garantissaient", disait-il, un important revenu. Pendant ce temps, l'argent partait sur ses comptes personnels et il le dépensait sans compter pour acheter des yachts luxueux, pour des œuvres de bienfaisance ainsi que pour entretenir une équipe professionnelle de cricket. Stanford avait même reçu le titre de chevalier des autorités d'Antigua, ce qui n'est pas étonnant: il était le plus grand employeur de l'île.

En 2008, la Securities and Exchange Commission, organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers, s'est intéressée à l'activité de la banque et du fonds d'investissement qui géraient 50 milliards de dollars d'actifs. Ses conclusions étaient peu rassurantes pour Stanford et ses investisseurs… Au final, les clients n'ont pas réussi à remettre la main sur des investissements pour environ 7-8 milliards de dollars, alors que le milliardaire a été envoyé en prison pour 110 ans.

 

Kazutsugi Nami, fondateur de la pyramide L&G

Kazutsugi Nami est, si l'on peut dire, un affairiste professionnel. Dans les années 1970, il occupait le poste de vice-président de la compagnie APO Japan Co à Tokyo: la société prétendait fabriquer des dispositifs de purification des gaz d'échappement, mais cachait en réalité une pyramide. La compagnie a fait faillite en 1975.

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Nami a ensuite participé à la mise en place d'autres moyens pour soutirer de l'argent à la population: des compagnies pour la fabrication de pierres magiques pour purifier l'eau ou une entreprise de cocottes minutes sophistiquées. Cependant, ces merveilleuses inventions n'étaient qu'une couverture pour manipuler les investisseurs crédules. Cela a continué jusqu'à ce qu'il se retrouve sous surveillance policière, puis en prison. Mais ce séjour derrière les barreaux n'a pas endormi l'esprit de ce Japonais entreprenant. Une fois en liberté, il a replongé.

En 2000, Nami a fondé la société d'investissement L&G qui promettait aux investisseurs de verser tous les trois mois jusqu'à 9% d'intérêt pour chaque yen épargné. Cela n'a pas semblé suffisant: la compagnie a alors émis sa propre monnaie électronique, Enten, qui pouvait être échangée contre des devises réelles. En sept ans, près de 40 000 investisseurs ont placé de l'argent dans L&G — selon différentes estimations, entre 126 et 200 milliards de yens (1,4-2,24 milliards de dollars) — jusqu'à ce qu'en 2007, le versement des dividendes cesse soudainement. L'enquête sur l'escroquerie a duré trois ans. En 2010, Kazutsugi Nami, âgé de 76 ans, a été condamné à 18 ans de prison.

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