Ce sont des "négociations dans lesquelles les interlocuteurs sont dans des positions inégales (…). Les Européens sont très embarrassés en raison de l'intransigeance des Américains, qui restent absolument sur leur position dans à peu près tous les domaines et essaient de faire en sorte que le rapport de forces leur soit le plus favorable possible", a indiqué M.Benoist.
Il y a deux points d'achoppement dans les discussions: "d'une part l'harmonisation des normes réglementaires (…) concernant les échanges commerciaux, et d'autre part la mise en place d'un organisme qui permettrait à des sociétés multinationales d'attaquer en justice des collectivités nationales ou des Etats, dès lors que ceux-ci adopteraient des politiques de nature à restreindre leurs bénéfices", a-t-il précisé.
La logique anglo-saxonne interdisant les monopoles et les restrictions d'accès au marché (lois anti-trust) va s'imposer dans le traité TTIP, dans son chapitre sur la compétition. Les parties doivent notamment s'engager à ne pas augmenter les tarifs douaniers, ni mettre des barrières douanières. Or les Etats-Unis utilisent cette arme contre l'industrie automobile européenne.
"Ce n'est pas quelque chose de nouveau; les Américains adhèrent officiellement à une doctrine libre-échangiste qu'ils mettent en œuvre quand cela les arrange, mais ils restent dans les faits protectionnistes; on le voit avec le débat de l'ouverture aux Européens des marchés publics américains", note M.Benoist.
D'ailleurs, l'Europe ne se montre pas prête à céder et le président Barack Obama essaie donc de multiplier les pressions pour conclure le Traité avant la fin de son mandat. Mais les résultats de ses efforts n'ont pas l'air de réussir, d'après l'expert.
L'UE mène des négociations sur le Traité TTIP depuis juillet 2013. Il s'agit de créer la plus grande zone de libre-échange au monde qui régira les transactions d'un marché de plus de 820 millions d'habitants. Outre les Etats-Unis et l'UE, le projet comprendra le Canada, le Mexique, la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande ainsi que les pays candidats à l'adhésion à l'UE.