Pourquoi faut-il revoir le concept d'opposition modérée?

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De retour d'un déplacement en Syrie, Gérard Bapt, député PS et président du groupe d’amitié France-Syrie, explique pourquoi le ministre russe des Affaires étrangères a eu raison de demander la révision de la liste des groupes terroristes dans une interview à Sputnik.

A l'initiative de l’association CHREDO, Coordination Chrétiens d'Orient en Danger, une délégation qui comportait des parlementaires et des représentants d'organisations non-gouvernementales vient de se rendre en Syrie.

Outre de venir en soutien aux Chrétiens d'Orient, cette association aspire également à déposer une plainte contre l'Etat islamique pour crime contre l'humanité.

Ayant un lien particulier avec les Chrétiens d'Alep, car à Toulouse il y a un certain nombre de personnes qui sont naturalisées françaises depuis des dizaines d'années et sont franco-syriennes ou franco-libanaises, Gérard Bapt a expliqué qu'il voit souvent leur malheur et propose de revoir la notion d'opposition modérée.

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Récemment, une franco-syrienne "venait d'apprendre la mort de son frère à Alep le jour de Pâques dernier dans le bombardement des rebelles qui parait-il aux yeux de certains seraient des modérés".

Le député souligne que quand une bombe tombe notamment quand il s'agit de missiles ou de bombes de gaz trafiqué sur des mortiers qu'ils lancent, le bombardement a le même effet destructeur qu'on soit du côté rebelle ou du côté gouvernemental.

Le député déplore que les victimes quotidiennes à Alep, de quartiers chrétiens ou kurdes, ne soient pas signalées ou ne soient signalées que rarement, tandis que les morts de civils du côté rebelle le sont toujours.

"Le concept d'opposition modérée est une nébuleuse où chacune des parties engagées à la chute du régime syrien, de l'Etat syrien aussi, peut faire ainsi sa part mais en fait il est très difficile de distinguer entre ce qui sont les djihadistes de l'Etat islamique qui sont de tradition wahhabite, les djihadistes d'al-Nosra qui sont de tradition Frères musulmans et donc soutenus par le Qatar et la Turquie et puis d'autres groupes salafistes qui sont aussi soutenus par les mêmes qui s'appellent Ahrar al-Sham ou Jaysh al-Islam", explique-t-il.

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Le député souligne que la propagande ne fait pas de distinction nécessaire parlant de rupture de cessez-le-feu qui n'existe pas lorsqu'il s'agit d'al-Nosra et de Daech mais qui aux yeux de certains devrait exister quand il s'agit d'Ahrar al-Sham, par exemple.

"Donc, j'approuve que hier le ministre russe des Affaires étrangères a demandé que ces deux organisations qui sont représentées au comité des négociations… qui font aujourd'hui parfois front commun à Alep et Idlib avec al-Nosra et ou parfois Daech soient classées comme organisations terroristes".

"Sur le terrain, quand vous êtes face à un front commun, comment éviter de ne pas bombarder les uns quand ils sont en train de combattre avec les autres?", fait remarquer le député.

De retour en France, Gérard Bapt dit vouloir saisir l'opportunité du changement de ministre pour reparler de la crise syrienne avec le gouvernement français. Tandis que le ministre sortant des Affaires étrangères Laurent Fabius avait un regard unilatéral, voire sourd aux autres opinions, le nouveau ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault pourrait progressivement mieux prendre en compte la réalité de la situation en Syrie.


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