La France n'a pas sa place dans l'union monétaire, a déclaré en substance Jörg Meuthen dans une interview accordée au quotidien Frankfurter Allgemeine, coprésident du parti Alternative für Deutschland (AfD). Pour lui, cette union ne serait vivable qu'entre pays stables ayant des politiques d'austérité efficaces, principalement les pays du nord de l'Europe.
La formation souverainiste, qui a largement critiqué l'UE et le manque de démocratie dans les instances de Bruxelles, préférerait-elle en fait une UE pangermanique? Un mois après ses succès électoraux dans les lands allemands, l'AfD semble se chercher de nouveaux partenaires à l'étranger, mais pas n'importe où. Il semblerait qu'il y ait pour elle de "bons" pays européens et des "mauvais". La Suisse, même en dehors de l'UE, fait partie des "bons" partenaires pour l'AfD.
"L'Allemagne a besoin de plus de Suisse, de davantage de démocratie.", a affirmé Mme Petry à Interlaken. "Il vaut mieux que la politique ait peur du souverain que l'inverse. […] En Allemagne, les politiciens ont déjà réussi à faire en sorte à ce que les citoyens n'aient plus la possibilité de participer au dialogue politique […]
La Suisse doit rester hors d'organisations internationales telles que l'UE, vous n'avez pas besoin de l'UE pour mener à bien une politique étrangère constructive. Nous devons travailler à construire une Europe des patries, comme en avait rêvée Charles de Gaulle. […] On devrait mettre davantage en valeur les différences et les frontières en Allemagne; en Suisse, on n'a pas besoin de le faire."
(propos traduits et retranscrits avec l'autorisation l'ASIN; source: auns.ch)
Une véritable convergence des luttes pour la droite anti-UE, en somme.
Jean Dominique Cippola, notaire et membre du comité de l'ASIN, nous explique en quoi la visite de Mme Petry était importante pour l'ASIN:
" Une telle visite pour l'ASIN représente une vision des choses qui nous intéresse puisque nous sommes, nous, des anti-Union européenne. Mme Frauke Petry, elle fait partie pour nous des leaders des eurosceptiques allemands donc c'est intéressant à ce titre —là d'inviter."
Mais cette convergence, qui va donc au-delà des frontières de l'UE, ne va pas sans heurts au sein de cette famille de pensée. Gearoid O' Colmain, journaliste et analyste politique, nous explique en quoi l'AfD se contredit.
"C'est indicatif de la politique de ce parti qui est tout à fait contradictoire, parfois ils disent des choses qui n'ont pas du tout de sens. À mon avis, c'est un autre exemple flagrant de leur non-politique parce que parlant de la culture, la culture politique de ce pays, c'est du non-sens. Ils parlent de leur calvinisme, de leurs valeurs chrétiennes, etc. Pas trop de contenu et moi je ne voie pas d'alternative."
Ce parti est idéologiquement proche de l'AfD. Pourrait-on envisager des convergences?
" Alternative für Deutschland c'est un parti qui est proche de Freiheit parti en Autriche, l'extrême-droite autrichienne. Et il y a plusieurs courants dans le parti et je pense qu'ils ne peuvent pas s'accorder avec le Front national en France.", d'après M. O' Colmain.
Une opinion que partage M. Cippola:
Une simple convergence d'intérêts entre populismes, en somme, mais qui se fait toujours sur le dos de la France, puisque l'AFD ne veut pas entendre parler de collaboration avec le Front National.
D'une Europe monétaire sans la France, le projet de l'AfD ne glisserait-il pas vers une internationale populiste sans les Français?
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