Le parquet d'Istanbul a réclamé la libération des intellectuels avant le prononcé de la sentence. Mais le procès judiciaire contre les signataires de la pétition n'est pas terminé pour autant. L'audience suivante se tiendra le 27 septembre prochain. Si les professeurs venaient à être reconnus coupables, ils pourraient être condamnés à sept et demi de prison.
Un des inculpés, Musaffer Kaya, professeur à l'Université de Nichantachi, a déclaré que la Turquie avait relancé sa terrible politique des années 1990s.
"Des centaines de civils ont été tuées lors des opérations militaires dans le sud-est du pays. Nous, en tant que représentants du professorat, ne pouvions rester indifférents à cette tragédie. Cette pétition ne contient pas une seule allusion à la propagande du terrorisme ou des organisations terroristes", a-t-il fait remarquer.
Selon Esra Mungann, professeur à l'Université du Bosphore, les intellectuels ont été arrêtés dans le simple but de faire taire l'opinion publique, mais c'est justement le contraire qui s'est passé.
"J'ai le droit d'appeler l'Etat à garantir la paix. Nous nous sommes adressés à l'Etat car il est notre seul adversaire. Nous avons essayé de le mettre à la table des négociations, qui ont été interrompues", a-t-il raconté.
"Aucun de nous ne regrette ce qu'il a fait. S'il cela avait été nécessaire, nous aurions signé de nouveau la pétition", a martelé Kıvanç Ersoy, de l'Université des beaux-arts Mimar-Sinan.
En janvier, près de 1.200 personnes ont signé une "initiative des universitaires pour la paix" réclamant la fin de l'intervention des forces de sécurité turques contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est du pays, à majorité kurde.
Dans ce texte intitulé "nous ne serons pas associés à ce crime", les signataires dénoncent "un massacre délibéré et planifié en totale violation des lois turques et des traités internationaux signés par la Turquie".
Cette pétition, également signée par des intellectuels étrangers comme le linguiste américain Noam Chomsky, a suscité l'ire du gouvernement turc.