Le président turc Recep Tayyip "Erdogan a poussé la situation à l'extrême" et les intellectuels ne peuvent plus se taire, a déclaré lundi à Sputnik Baskin Oran, un des signataires de la seconde pétition.
Lors du putsch militaire du 12 septembre 1980, "nous avons aussi adressé une pétition aux autorités. Mais il n'y a jamais eu de répressions d'envergure contre les chercheurs turcs même aux moments les plus durs. Erdogan a poussé la situation à l'extrême et nous ne pouvons plus nous taire", a indiqué M. Oran, universitaire, homme politique et militant des droits de l'homme turc.
"M.Erdogan cherche à intimider le peuple turc. Il profite de chaque occasion pour (…) aggraver la scission au sein de la société turque. Cette fois il a pris comme prétexte la pétition des académiciens. Tous les régimes dictatoriaux font recours à cette rhétorique pour atteindre leurs buts (…). Mais les dictateurs ont tort de croire qu'on peut opprimer les gens continuellement en augmentant les pressions et les répressions. Il arrive toujours un moment où l'on ne peut plus ignorer le mécontentement du peuple. M. Erdogan devra faire face à ces protestations", a ajouté M. Oran.
La nouvelle pétition signée par des professeurs d'universités et des académiciens turcs est plus critique à l'égard du président Erdogan, elle met aussi en garde contre le "terrorisme aveugle" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
La pétition comprend quatre points:
1. Le régime d'Erdogan, qui cherche à profiter des désordres qu'il a lui-même provoqués dans le pays (et cette situation rappelle celle du coup d'État du 12 septembre 1980), ne pourra pas exercer des pressions dictatoriales sur les académiciens et le peuple turc, qui sont loin de soutenir l'idéologie officielle.
2. Les barricades et les tranchées aménagées dans le sud-est de la Turquie ne sont pas le résultat des récentes hostilités, mais des promesses non tenues par le gouvernement turc à l'égard des Kurdes depuis 1919. La suspension des négociations avec les Kurdes et les répressions contre la population kurde ont aussi favorisé leur apparition.
3. Le régime d'Erdogan ne pourra pas tuer les Kurdes, opprimer les habitants des provinces du sud-est du pays et raser leurs villes sous différents prétextes.
4. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui lutte contre la politique turque d'élimination des Kurdes, ne pourra pas nuire aux civils par des méthodes terroristes aveugles qui permettent aux autorités turques d'augmenter leurs pressions sur les civils.