Un poème satirique osé, quelques minutes de direct sur une chaîne allemande et un énorme scandale politique qui met Berlin en porte à faux et l'oblige à choisir: d'un côté la liberté d'expression, une des valeurs principales du monde civilisé, de l'autre les réclamations coléreuses d'Ankara de poursuivre l'humoriste.
Mais hier, s'exprimant à l'issue d'une rencontre avec les représentants des Etats régionaux à Berlin, Mme Merkel a fait volte-face. La chancelière s'est livrée à une brève auto-critique et a admis avoir commis une "erreur" lorsqu'elle a qualifié le poème de "sciemment insultant".
Le commentaire ne concernait toutefois que sa première réaction à ce sketch. Angela Merkel regrettait seulement le fait que ce commentaire ait pu être vu comme une "appréciation personnelle".
"Avec le recul, c'était une erreur", a estimé Mme Merkel, jugeant en outre que ce commentaire avait pu donner l'impression que "la liberté d'opinion et la liberté de la presse n'étaient plus importantes".
La chancelière a également ajouté qu'il est "toujours aussi juste" d'autoriser les poursuites voulues par Ankara à l'encontre de l'humoriste Jan Böhmermann, auteur de la satire contre le président turc.
En dépassant ouvertement les bornes et en allant en conscience au-delà de ce que le droit allemand autorise, le comique entendait démontrer par l'absurde combien le pouvoir turc avait eu tort de s'attaquer à un autre texte, une chanson diffusée 15 jours plus tôt à la télévision allemande et critiquant la remise en cause des libertés publiques en Turquie.