Le nouveau tournant de la chancelière allemande
Mme Merkel, obligée de rejeter son grand principe attentiste, s'est mêlée de façon active à la politique compliquée au Proche-Orient. Cependant, les limites de la realpolitik de la chancelière allemande s'amplifient encore plus largement, avec son tournant vers l'Afrique du nord, estime l'observateur Arne Delfs dans un article publié par l'agence Bloomberg.
L'analyste souligne que les principes de la politique de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan) aux environs de ses frontières sud seront un des sujets principaux lors de la rencontre de Mme Merkel avec les dirigeants américain, britannique et français à Hanover.
Dans cette situation, c'est donc le motif intérieur qui pousse l'Allemagne à amplifier sa realpolitik. Les autorités du pays essaient de diminuer à tout prix le nombre de nouveaux migrants.
Pour Mme Merkel, la résolution de ces problèmes est une question décisive, estime Josef Janning, chef du département berlinois du Conseil européen des relations internationales (ECFR). L'Allemagne qui se tourne vers l'Afrique du nord devient un nouveau problème pour sa chancelière, car cette dernière devrait être très attentive en poursuivant cette politique discutable.
Quand la situation internationale se mêle à la politique intérieure
M.Delfs souligne que Mme Merkel est ainsi confrontée à une situation compliquée: plus elle avance dans sa politique, plus elle voit ses électeurs s'éloigner.
Par exemple, la chancelière a été vivement critiquée suite à la décision de poursuivre l'affaire de l'artiste allemand Jan Bömerman, en application d'une demande du président turc Recep Tayyip Erdogan. Mme Merkel a été ainsi accusée d'avoir sacrifié la liberté de la presse dans le pays, pour soutenir M.Erdogan après l'accord sur les migrants entre Ankara et Berlin.
Lundi dernier, la chancelière avait déclaré aux journalistes qu'un grand nombre de migrants en provenance d'Afrique s'étaient installés en Libye, et qu'il serait difficile de persuader ce pays de partager la pression migratoire.
M.Delfs indique que plusieurs autres pays d'Afrique du nord sont dans le collimateur de la diplomatie allemande: l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. La coalition de Mme Merkel exerce une certaine pression sur ces pays en essayant de les doter d'un statut spécial leur permettant d'accueillir les migrants qui ne pourront pas recevoir l'asile en Allemagne.
Finalement, cette campagne de la dirigeante risque de s'arrêter assez tôt, parce que l'automne prochain sera marqué par des élections législatives fédérales en Allemagne. Si Mme Merkel essaye de conquérir un nouveau mandat, alors les électeurs du pays prendront une décision sur sa realpolitik, conclut l'observateur.