La consigne dit: le poème gagnant devra contenir le plus possible de gros mots. De cette manière, Spectator souhaite protester contre les limitations de la liberté d'expression qui sont devenues un vrai fléau ces derniers temps.
Il n'est pas étonnant que le président Recep Tayyip Erdogan ait introduit des nouvelles lois contre la diffamation pour se défendre contre les critiques incessantes. Ces lois de lèse-majesté fonctionnent en Turquie, et elles semblent pénétrer déjà l'Europe, mettent en garde les organisateurs du concours.
Dès que M. Erdogan est arrivé à la présidence en 2014, environ 2.000 procédures pénales sur des cas d'insultes contre lui ont été initiées.
Le présentateur de télévision et comédien Jan Böhmermann a lu le 31 mars dernier sur la chaîne publique allemande ZDF un poème satirique accusant le président turc de représailles contre les Kurdes et les chrétiens et de répression à l'égard des journaux d'opposition. Par ailleurs, le satiriste avait qualifié le numéro un turc de "pervers, pouilleux et zoophile".
Recep Tayyip Erdogan n'a pas tardé à poursuivre Jan Böhmermann en justice. Le gouvernement allemand a cédé et a finalement autorisé des poursuites pénales contre le journaliste. M. Böhmermann est notamment accusé d'avoir violé l'article 103 du code pénal allemand ("Offense aux organes et représentants d'Etats étrangers") et risque trois ans de prison.