Blocage des sites en Turquie: les chiffres parlent
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon les résultats de la recherche effectuée par l'Union des opérateurs de l'Internet, plus de 7.000 sites avaient été bloqués en Turquie en 2010. Vers la fin 2013, ce chiffre s'était approché de 30.000. Selon l'information de Yaman Akdeniz, enseignant à la faculté de droit de l'Université Bilgi d'Istanbul, le nombre de sites interdits en Turquie a atteint 90.000 en 2015.
Tout d'abord, ce sont les médias d'opposition qui se trouvent dans le collimateur des autorités turques. Le blocage du site de Sputnik, la censure exercée contre le site d'informations Sendika.org, ainsi que le blocage des agences d'informations ANF et DIHA sont des exemples frappants de cette guerre politique menée par les autorités du pays contre les médias libres.
Les médias sous pression des autorités turques
Le site Sendika.org créé en Turquie il y a 15 ans a été censuré 11 fois lors des neuf mois. La politique de la censure réalisée par le Parti de la justice et du développement montre que les autorités turques mènent une vraie guerre pour priver la population d'informations objectives, estime Vecih Cüzdan, observateur et rédacteur du site Sendika.org, dans un entretien accordé à Sputnik.
"Mais lors de cette lutte qui continuera, des nouveaux sites d'opposition seront créés en Turquie, ce processus ne peut pas être complétement arrêté", indique le journaliste. Quant au blocage du site de Sputnik en Turquie, M.Cüzdan estime que la décision prise par les autorités avait sans aucun doute des motifs politiques.
Le site d'informations ANF a été bloqué suite à une décision se référant à une loi destinée à prévenir les crimes, décision qui n'avait pourtant aucun motif réel et ne s'appuyait que sur les opinions des autorités, raconte Ali Baris Kurt, rédacteur du site, dans un entretien accordé à Sputnik. En effet, le site a été bloqué dès que les autorités ont décidé qu'il pourrait publier des articles désapprouvant l'opération militaire turque dans le sud-est du pays.
"Toutes nos tentatives de faire revoir la décision n'ont porté aucuns fruits. Actuellement, nous nous heurtons à un problème d'anarchie juridique dont les autorités sont au courant", explique le journaliste.
M.Kurt considère le blocage du site de Sputnik en Turquie comme un élément de la politique autoritaire du Parti de la justice et du développement et de l'administration du président turc. Selon le journaliste, la lutte contre la censure d'Etat pourrait enregistrer des progrès dans le cas où les représentants de la presse défendent de façon active leurs droits.
La situation dans le sud-est de la Turquie et les médias
Par ailleurs, la situation dans l'est et le sud-est de la Turquie représente un sujet très sensible, c'est pourquoi les autorités du pays suivent si attentivement tout ce qui paraît dans l'espace médiatique. Les informations diffusées par l'agence DIHA qui se spécialise directement sur l'est et le sud-est de la Turquie ont été récemment bloquées par les autorités du pays, pour la 33e fois!
Le rédacteur du site Cagdas Kaplan explique dans un entretien accordé à Sputnik qu'en général, les autorités turques n'annoncent pas quel article précisément a entraîné le blocage du site.
"Le gouvernement du Parti de la justice et du développement ne veut pas qu'il existe dans le pays une rhétorique qui diffère de celle adoptée par le parti même, que les médias poursuivent des libres discussions sur les sujets sensibles pour les autorités", déclare le journaliste.
M.Kaplan souligne que Sputnik manifestait une position indépendante dans la diffusion de l'information ce qui a provoqué la réaction négative des autorités turques. Selon lui, c'est à cause de cela que le site de Sputnik a été bloqué en Turquie.