Pendant sa traditionnelle séance de questions-réponses avec les citoyens russes, le président russe Vladimir Poutine devrait surtout aborder les problèmes économiques intérieurs, estiment les politologues. Cette année, le débat devrait être plus incisif à l'approche des législatives.
Les problèmes intérieurs avant tout
Selon Mikhaïl Remizov, président de l'Institut de stratégie nationale, "la majeure partie des questions sera consacrée au thème social et aux régions". "Il serait probablement plus confortable pour le président de parler de politique étrangère mais beaucoup de facteurs indiquent que la société est aujourd'hui de plus en plus préoccupée par les problèmes intérieurs, souligne le politologue. Le président cherchera certainement à répondre à cette demande, surtout quand on sait qu'il s'agira d'une ligne directe".
Nikolaï Mironov, directeur du Centre des réformes économiques et politiques, prédit aussi que l'ordre du jour économique intérieur occupera une grande partie de l'émission. "Ces questions préoccupent particulièrement les gens à l'heure actuelle, plus que la politique étrangère ou la conjoncture mondiale", note l'expert.
Débat tendu en perspective
D'après Dmitri Abzalov, la discussion sera "bien plus chargée" cette année. "Premièrement, une campagne électorale a commencé. Deuxièmement, la situation sociopolitique est relativement difficile: l'économie s'est stabilisée mais les citoyens ont réellement senti la détérioration de la situation", résume le chef du Centre des communications stratégiques.
C'est également l'avis de Nikolaï Mironov, qui pense que les électeurs attendent du président la réponse à la question "comment allons-nous vivre?".
L'expert estime qu'au regard de la "situation relativement tendue dans le pays", la ligne directe devrait être "intensive". "Plus de personnes sont touchées par la crise — c'était plus souple et plus facile l'an dernier. La situation est devenue plus inquiétante", souligne l'expert.
Mikhaïl Remizov, contrairement aux autres politologues, estime que la discussion ne sera pas différente des précédentes. "Je ne vois pas de différence notable dans la situation politique et socioéconomique entre cette année et l'année dernière", dit-il.
La politique étrangère
La politique étrangère passera probablement au second plan mais on devrait tout de même mentionner la situation en Syrie et les relations avec l'Occident, notamment les USA. La rhétorique du président devrait être moins émotive que les années précédentes, pensent les experts.
Dmitri Abzalov, pour sa part, pense que les principaux axes de politique étrangère qui seront évoqués dans le cadre de la ligne directe seront la Syrie, l'Ukraine, l'UE, les pays de la CEI ainsi que la Biélorussie.
"Les relations avec les USA se construisent actuellement en grande partie autour des événements en Syrie", explique Mikhaïl Remizov. Selon ce dernier, "les États-Unis apparaîtront à plusieurs reprises au fil de la discussion car au final, la situation en Syrie est une forme de négociation avec Washington".
Le Haut-Karabagh et l'Ukraine
D'après les experts, le thème de l'Ukraine cédera la place cette année au règlement du conflit du Haut-Karabagh.
Le politologue remarque par ailleurs que l'ordre du jour ukrainien n'ayant pas fortement changé, les questions ne devraient pas être nombreuses à ce sujet.
Mikhaïl Remizov pense également que la question ukrainienne sera secondaire: "Nos autorités ne disent rien sur l'Ukraine depuis relativement longtemps". Le politologue estime que le thème du Haut-Karabagh sera plus discuté car "c'est effectivement la plus importante aggravation du conflit depuis la fin de la guerre du Haut-Karabagh en 1994".
Dmitri Abzalov est du même avis et pense que "si auparavant l'Ukraine était la tendance principale, la Syrie est l'un des plus importants facteurs depuis la seconde moitié de 2015". "De très nombreuses questions concerneront manifestement le Moyen-Orient et probablement le Haut-Karabagh", déclare l'expert.
La vie privée du président
"Ils voudraient comprendre ce qu'est le poids du pouvoir, quels sont ses intérêts, en d'autres termes personnifier l'homme politique", déclare Dmitri Abzalov.
En règle générale, Vladimir Poutine ne dévoile pas les détails de sa vie privée mais parle volontiers de ses passions et intérêts.