Alep: voter à deux pas d'un fief des terroristes

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Le pilonnage d'Alep par des extrémistes s'est intensifié au cours de ces dernières semaines, mais malgré les risques les habitants de cette ville syrienne se rendent ce mercredi aux urnes. Ils espèrent que ce scrutin législatif les rapprochera de la paix tant espérée.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes ce matin dans la plupart des villes syriennes. Alep n'en fait pas exception quoique la situation y reste très tendue.

Un bureau de vote dans un "quartier chaud"

Le quartier de Salah al-Dine est l'un des plus dangereux de la ville. Sans exagération, ses habitants vivent côte à côte avec les extrémistes. Les traces de la guerre sont visibles partout: pratiquement tous les immeubles portent ici des empreintes d'obus et de missiles. Dans les ruelles s'élèvent des panneaux que les locaux installent afin de se protéger contre les balles des snipers.

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Néanmoins, défiant la menace des provocations émanant des extrémistes, l'administration de la ville a décidé d'ouvrir un bureau de vote dans une des écoles du quartier.

Au total, 221 bureaux de vote ont été ouverts dans la ville, dont les forces gouvernementales ne contrôlent pour le moment qu'entre 40 et 50% du territoire. Avant la guerre, cette mégapole syrienne comptait plus de six millions d'habitants. Sont-ils nombreux aujourd'hui, cinq ans après le début de la crise? Selon différentes évaluations entre deux et quatre millions.

Le bureau de vote du quartier de Salah al-Dine est encombré et bruyant. Pendant que les adultes font la queue devant les urnes, les gamins insouciants courent dans les couloirs étroits.

Nous n'avons pas peur de voter

"Nous avons tout fait pour assurer la sécurité de nos citoyens. Des renforts ont été envoyés. Des agents de police sont déployés à l'intérieur de l'école. Tout le monde est fouillé à l'entrée, même les gens que nous connaissons personnellement", raconte un officier en charge de la sécurité du bureau de vote.

Ce qui saute aux yeux, c'est que l'ambiance est complétement décontractée: les électeurs bavardent, plaisantent, discutent au sujets des candidats. Ceux qui ont donné leur voix, montrent aux autres non sans fierté leur doigt marqué d'encore, mesure appliquée pour éviter qu'une même personne ne vote plusieurs fois.

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"Nous n'avons pas peur des terroristes. Nous vivons ici et la participation aux élections est notre droit que nous voulons exercer. Le peuple syrien tout entier prouve actuellement qu'il est uni et que nous avons un Etat indépendant", avoue Mohammed, habitant du quartier venu voter en compagnie de son épouse et de ses fils.

Mais ce devoir à accomplir est complexe: 661 candidats de la province se disputent aujourd'hui 52 mandats de quatre ans (au total, l'Assemblée du peuple compte 250 sièges).

"Je sais pour qui je vote et ce n'est pas la première fois que je vote. Je sais aussi que les terroristes sont tout près, mais je n'ai pas peur. Nous croyons en l'avenir de notre pays et souhaitons que nos intérêts soient représentés par les gens que nous connaissions et respectons", confie la jeune femme Yara Chkheib.

Au nom de la paix

Dans le quartier arménien, Midan, la situation sécuritaire n'est pas meilleure: les terroristes sont à un kilomètre seulement, ce qui n'empêche pas les habitants locaux de prendre une part active au vote.

"Le flux des électeurs est incessant. Il me semble qu'ils sont beaucoup plus actifs qu'en 2012. Nos concitoyens et moi-même, nous comprenons que l'avenir de la Syrie dépend de nous", confie Asma, une observatrice au bureau de vote de Midane.

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"On s'en fout de ce que veulent les extrémistes, malgré leurs menaces. Notre peuple a appris à lutter contre eux et à les vaincre. Le fait que les gens soient nombreux prouve que la situation s'améliore", a déclaré le gouverneur de la province Mohammad Marwan Olabi, venu voter dans un des bureaux de vote de la ville.

Le vote s'est déroulé dans le calme: ni le bruit des obus, ni les échanges de tirs n'ont perturbé cette journée. On aurait pu se croire dans un Alep de jadis si les ruines ne nous rappelaient pas la réalité amère.

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