Les manifestations contre la loi El Khomri Khomri ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes à travers la France. En parallèle, des mouvements étudiants ont bloqué lycées et facultés. Rien de spontané dans cette vague de protestation, qui a été coordonnée, organisée par les syndicats de salariés ou d'étudiants.
Des partis d'opposition, comme le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) ou la droite souverainiste ont vu dans cette contestation un moyen de faire valoir leur opposition et d'obtenir une base politique. Cela s'appelle de la récupération électorale:
Le parti des ouvriers, des salariés, des petits et des sans-grades, c'est nous! #LoiElKhomri pic.twitter.com/3VfQG4ci3n
— FN Sciences Po (@FNSciencesPo) 19 февраля 2016 г.
Phénomène classique: de la contestation sociale à la récupération politique, il n'y a qu'un pas… que le mouvement Nuit Debout espère ne pas franchir. Son principe? Un rassemblement pacifique, tous les soirs depuis le 31 mars, place de la République pour témoigner de l'opposition à la loi El Khomri… mais pas qu'elle. Les stands, réunions debout et sittings qui animent la place parisienne bruissent de toutes sortes de revendications: l'arrêt des expulsions, le droit au logement, la fin de l'état d'urgence, le salaire de base universel…
"Ce mouvement est né à l'occasion de la loi-travail que l'on refuse radicalement, mais il vise à une convergence des luttes, avec de nombreux mouvements de colère; par exemple la répression des syndicalistes de GoodYear, contre l'état d'urgence, le mal-logement, la politique de soutien de la France à des dictatures. Il s'agit de mutualiser toutes les colères, car c'est une politique globale que l'on conteste."
Par exemple, le collectif "Ni guerres ni état de guerre" s'est installé sur la Place, avec ses revendications. Selon son représentant, l'état de guerre est tout ce qui est mis en place, en lien avec le terrorisme.
Chaque soir depuis le 31 mars, des centaines de personnes sont présentes. Aucune violence, aucun casseur, aucun CRS. Des femmes des enfants, des jeunes, et des moins jeunes ont répondu présent depuis 5 jours au hashtag #NuitDebout.
https://t.co/qUBPQuNE3Q Nous appelons à soutenir toutes les #NuitDebout Signez et faites signer cet appel!
— Nuit Debout (@nuitdebout) 5 апреля 2016 г.
La comparaison avec Podemos est facile et la plupart des commentateurs ne se sont pas privés de faire le parallèle, voire l'amalgame entre le mouvement espagnol et Nuit Debout. De fait, ils partagent un même socle idéologique: une indignation citoyenne contre le système économique, politique et social occidental. Gauche de la gauche, souverainistes, anti-impérialistes ou altermondialistes, tous ont le même ennemi.
Pour autant, en conclure que Nuit Debout est un clone français de Podemos serait aller vite en besogne.
Tout d'abord, Nuit Debout n'est pas un parti, contrairement à Podemos. Issu du mouvement des Indignés créé en Espagne en 2011, ce dernier a fini par s'enregistrer en Mars 2014comme parti politique. Nuit Debout n'a pas — pour le moment — de vocation électorale. Même si en se structurant, une organisation associative d'ampleur nationale pourrait en ressortir, avec à la clé la possibilité d'étendre le mouvement à l'étranger, cela n'en ferait pas un parti politique.
"Ce rassemblement est politique; […] il cherche à mutualiser les combats; on n'a pas vu d'intervention politique explicite à l'intérieur; la récupération peut arriver, mais pour l'instant, ce n'est pas ce qu'on voit."
Par ailleurs, Nuit Debout ne se réclame pas de gauche, contrairement à Podemos qui se déclare ouvertement de gauche antisystème.
Au risque de doucher certains enthousiasmes, Nuit Debout n'est pas pour l'instant le prochain Podemos.
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