Les "Panama papers" ont trouvé maintenant une nouvelle victime en la personne de M. Gunnlaugsson. Lors d'une interview à la chaîne de télévision suédoise SVT, il a été pris de court par des questions pressantes sur sa société offshore Wintris. Le premier ministre, cet homme solide de 41 ans, s'est mis à s'énerver, s'est levé et… est parti.
Pas sans explications d'ailleurs. "Qu'est-ce que vous voulez inventer ici?", balbutiait-t-il. "C'est absolument déplacé!".
Et d'ajouter agacé: "On rend suspect quelque chose qui ne l'est pas".
Le journaliste faisait référence aux documents publiés dans le cadre de l'enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) indiquant que M. Gunnlaugsson a possédé avec sa femme une société dans les îles Vierges britanniques, jusqu'à lui céder ses parts fin 2009 pour un dollar symbolique.
L'épouse du premier ministre, Anna Sigurlaug Palsdottir est la fille d'un homme d'affaires qui a fait fortune comme concessionnaire de voitures Toyota dans le pays. Le 15 mars, c'est elle qui avait rendu publique sur Facebook l'existence de la société, appelée Wintris, que le couple avait créée en 2007.
Une fois élu député en avril 2009, M. Gunnlaugsson a omis sa participation dans l'affaire dans sa déclaration de patrimoine.
Les funestes "Panama papers" semblent avoir généré encore plus de chaos dans ce monde calme islandais. Les curieuses découvertes ont intéressé tant les médias que le parlement du pays. La journée de lundi s'annonce donc être dure pour le premier ministre, ainsi que pour le ministre des Finances Bjarni Benediktsson, qui doivent se présenter devant le parlement pour répondre à toutes les questions des députés, y compris sur leurs activités offshores, signale The Reykjavik grapevine.
Et c'est alors que l'opposition réfléchit au dépôt d'une motion de défiance, qui selon toute vraisemblance devrait être soumise au vote dans la semaine.
L'opposition de gauche devrait certainement la voter, tandis que le parti du chef de gouvernement, le Parti du progrès, devrait s'y opposer. Dans ce cas, le sort du gouvernement serait donc décidé par la deuxième formation de la coalition gouvernementale, le Parti de l'indépendance (droite).