La déchéance de François Hollande

© AFP 2024 Dominique FagetLe président français François Hollande
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François Hollande, à la suite des tragiques attentats de novembre 2015 avait réuni le Congrès (ce qui en France désigne l’union de l’Assemblée Nationale et du Sénat) pour annoncer qu’il avait décidé de faire entrer dans la Constitution la « déchéance de nationalité » et l’état d’urgence.

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Il vient de déclarer, le mercredi 30 mars, qu'il abandonne ce projet. C'est un coup très dur porté à sa crédibilité et à sa légitimité. Bien sur, on dira, et lui le premier, que par ce renoncement il n'a fait que prendre acte des désaccords existants que ce soit au sein de sa propre majorité que dans les rangs de l'opposition. Mais, ces désaccords étaient connus à l'avance. Il ne pouvait les ignorer au moment même où il fit sa déclaration initiale devant le Congrès. En réalité, ce que traduit cette reculade, car il faut bien l'appeler par son nom, c'est son incapacité à trouver un consensus au sein de la classe politique ou à convaincre les français de faire pression sur cette même classe politique pour qu'elle se mette d'accord. Par cette déclaration il révèle son incapacité en fait à gérer la situation issue des attentats du 13 novembre 2015. Par cette déclaration il reconnaît ce que nous savions déjà depuis plusieurs mois: il n'est plus qu'un cadavre politique.

La question de la déchéance de nationalité

La déchéance de nationalité, faut-il encore le répéter, existe dans le droit français. Elle est présente dans notre code, et elle a été appliquée un certain nombre de fois ces dernières années. Il n'y avait donc nul besoin de « constitutionnaliser » cette mesure, comme je l'ai écrit sur le blog RussEurope. Mais, il était tout aussi stupide de pousser de grands cris d'orfraie à son égard et de parler d'une possible « stigmatisation » d'une partie de la population.

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Le projet de texte présenté par le gouvernement avec l'appui du Président était liberticide, non en raison d'atteintes aux « grands principes » mais parce qu'il constituait avant tout un texte de circonstances, n'ajoutant rien au droit français. De même, la « constitutionnalisation » de l'état d'urgence ne s'imposait ni ne se justifiait d'aucunes manières. Un état d'urgence est conçu par le législateur pour faire face à une situation exceptionnelle qui empêche les institutions de fonctionner ou qui à tout le moins rend leur fonctionnement problématique. Il se justifiait, à l'évidence, dans la nuit tragique du 13 au 14 novembre. Mais il devait alors s'accompagner de mesures rapides et exceptionnelles, visant à ramener la France dans une situation normale. Or, ce à quoi on assiste aujourd'hui c'est à une éternalisation de cet état d'urgence, à l'impulsion du Premier-ministre, M. Manuel Valls, qui se confond alors avec un « état de guerre ». Mais, si nous sommes en guerre, alors souvenons-nous de ces mots que Georges Clémenceau prononça à la Chambre des Députés le 8 mars 1918 et qui sont restés dans les annales. L'état de guerre n'implique pas de céder sur le principe de la Démocratie. Bien au contraire, l'union nationale exige que soit maintenue la liberté des débats et des controverses. Or, nous avons un Premier-ministre qui conçoit en réalité l'état d'urgence comme une situation permanente, et qui, de ce fait, nous entraîne tous les jours un peu plus sur les voies de la Tyrannie, ou plus précisément de ce que j'ai appelé la Démocrannie.

Une échec politique

Cet échec du Président, car c'en est un, et il n'en faut pas douter même si certains vont chercher à le déguiser en habileté, ne fait que révéler l'amateurisme complet mais satisfait de lui, qui caractérise son action, et cela depuis de nombreux mois. Après les attentats de janvier 2015, le gouvernement et le Président ont été incapables de prendre les mesures qui s'imposaient. Aujourd'hui, ils parlent forts mais agissent bien peu. Il est ainsi dérisoire et scandaleux qu'ils cherchent à tirer à eux la couverture des échecs actuels rencontrés par l'organisation qui se fait appeler « Etat Islamique », quand on sait le nombre de missions effectuées par notre aviation et qu'on compare ce nombre aux sorties de l'aviation russe ou américaine.

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Au-delà, cet échec signe la fin du projet politique de « social-libéralisme ». Déconsidéré par la reculade à laquelle il a dû consentir sur l'état d'urgence et la déchéance de constitutionnalité, affaibli par la mobilisation contre la loi « El Khomri », François Hollande apparaît bien être aujourd'hui dans une impasse. Il ne peut espérer unir les électeurs de gauche pour la présidentielle. Au contraire, son éventuelle candidature, et en généralisant toute candidature venant du « camp » politique qu'il représente à l'intérieur du P « S », ne ferait qu'œuvre de division. Le seul qui puisse, tant politiquement que moralement, porter aujourd'hui les couleurs de la gauche est Jean-Luc Mélenchon. C'est en cela que François Hollande est désormais mort politiquement.

Cet échec, donc, révèle à la face du monde l'incapacité pathologique du Président à se hisser à la hauteur de sa fonction. Il traduit l'incompréhension profonde de la fonction et de ce qu'elle exige. Si jamais François Hollande avait la velléité de se prendre pour Clémenceau, rassurons-le immédiatement; tel n'est pas son modèle. Il n'y ressemble en rien. Non, son modèle est bien plutôt Viviani, Président du Conseil de juillet 1914 à octobre 1915 et socialiste modéré comme lui, et dont les contemporains purent dire, à juste raison, qu'il parlait comme un homme et agissait tout différemment.

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