Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis d'attaquer en justice celui qui se permettra un outrage à sa personne, annonce vendredi le journal britannique The Independent.
"Je serais reconnaissant à toute personne qui me critique. Mais si on se met à m'offenser, mes avocats ne tarderont pas à faire appel à la justice", a prévenu le chef de l'Etat turc sur le ton de la menace.
Selon le quotidien britannique, vendredi 1er avril, la garde personnelle du président turc a empêché trois journalistes de médias d'opposition d'assister à son intervention à l'Institut Brookings de Washington.
"Nous allons te tuer. Tu es un terroriste", a déclaré l'un des gardes du corps de Recep Tayyip Erdogan au correspondant du journal Ozgur Dusunce.
L'article 299 du Code pénal, qui réprime les "insultes" au chef de l'Etat, aurait donné lieu à plus de 230 poursuites par les avocats d'Erdogan depuis 2008, aussi bien contre des journalistes que contre des caricaturistes jugés "trop insolents".
Le 2 mars dernier, on a appris que des poursuites judiciaires avaient été intentées contre 1.845 Turcs pour outrage au chef de l'Etat. L'outrage au président du pays est passible d'une amende ou d'une peine pouvant aller jusqu'à quatre ans d’emprisonnement. Par le passé, des athlètes, des artistes, des journalistes et mêmes des écoliers turcs ont été condamnés selon cet article.
L'opposition turque accuse le président qui ne tolère pas la moindre critique de se servir de la loi pour punir les personnes qui dénoncent sa politique. Tous ceux qui émettent un avis jugé négatif sur le régime d'Erdogan sont harcelés et accusés de "trahison" ou d'"espionnage".
Le chef de l'Etat a lancé une véritable +chasse aux sorcières+ dans le pays, en déployant le rouleau compresseur. Les insultes, les brimades, les fermetures de centres éducatifs, les interdictions d'associations humanitaires, les tracasseries infligées aux acteurs économiques et financiers sont monnaie courante en Turquie.
Les médias indépendants qui osent critiquer le pouvoir subissent diverses formes d'intimidations dont l'interpellation par la police, la traduction devant les tribunaux et les pressions physiques ne représentent que la face immergée de l’iceberg.