Si le gouvernement et les entreprises exploitantes assurent avoir bien pris les mesures de sécurité nécessaires, Greenpeace et plusieurs autres organismes militants disent en douter: les 800 policiers formés par le GIGN sont-ils en mesure de lutter face à un drone, un avion ou un tir de roquette? Eléments de réponse dans quelques instants. Charlotte Mijeon, chargée de communication au sein du réseau « Sortir du Nucléaire », nous explique.
Comment sont-elles protégées? Le Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie (PSPG), né en 2009 d'une convention signée entre EDF et la gendarmerie nationale, compte 800 hommes. Formés par le GIGN et répartis sur les 19 sites, ils constituent le premier niveau de sécurité. En deuxième et troisième échelon viennent, les groupements de gendarmerie départementaux, puis le GIGN lui-même. S'ajoutent à cela vidéosurveillance, clôture, portiques, gardiennage, blocage des salles de commandes et des réacteurs en cas d'intrusion… Charlotte Mijeon, chargée des relations extérieures du réseau Sortir du Nucléaire, estime que, quel que soit les mesures prises, la sécurité n'est jamais garantie à 100%; d'autant plus que les attaques terroristes sont par nature imprévisibles, y compris dans leurs modes opératoires:
Les vols illicites de drones sèment la tempête, que ce soit en ville, dans les couloirs aériens, ou au-dessus des centrales… Peu de moyens suffisent à perturber le fonctionnement d'une centrale. Le 25 mars encore, le site de Golfech (Tarn-et-Garonne) a de nouveau fait l'objet d'un survol. Des petites "visites" qui ont touché en tout 15 centrales sur les 19 en France (une cinquantaine de signalements en tout entre septembre 2014 et août 2015). elles font l'objet d'enquête mais ne s'expliquent pas toujours: perte de contrôle d'un appareil, préparation d'une attaque où le drone porterait de petites charges d'explosif, reconnaissance des lieux? Mais ce n'est pas tout. Sortir du Nucléaire envisage même un possible tir de roquette:
C'est déjà arrivé à la fin des années 70, un tir de roquette sur un site nucléaire. C'est une arme certes pas très répandue, mais on sait que des terroristes ont pu, par le passé, se procurer de telles armes. Donc on ne peut rien exclure.
En France, le lance-roquette n'est à priori pas une arme qui court les rues. Et pourtant: au cours des perquisitions massives qui ont été mené après le 13 novembre, un bazooka a été saisi à Lyon. Rappelons aussi l'attaque à l'arme antichar d'un commissariat de Béziers en septembre 2001… Le risque est aussi interne, rappelle Charlotte Mijeon. EDF affirme que des enquêtes administratives ont lieu tous les ans sur les salariés et les intervenants extérieurs qui travaillent sur le parc nucléaire. Mais la chargée de relations extérieures n'est pas de cet avis:
Les sites nucléaires ne sont pas les seules sources d'inquiétude. Les usines où sont fabriquées le combustible nucléaire peuvent présenter des risques de détournement de matière radioactive, dans l'optique de fabriquer une bombe sale. Il y aussi le transport, que ce soit du combustible neuf ou des déchets, de l'uranium ou du plutonium. Des transports fréquents, dont la faible sécurité n'a pas été renforcée suite aux attentats, selon la représentante de SDN:
En fait, ces transports sont tellement nombreux que le dispositif à mettre en place serait très important. Et je ne compte même pas le transport de sources radioactives destinées à l'utilisation médicale de la technologie nucléaire. Donc cela veut dire un nombre très important de matière radioactive qui sont en circulation et pour lesquelles, à ma connaissance, il n'y a pas de renforcement de la protection, et qui pourrait être extrêmement facile à intercepter, malheureusement.
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