Mercredi, deux femmes kamikazes ont fait exploser leurs bombes dans une mosquée, dans le nord-est du pays, tuant 25 personnes et blessant 18.
De nombreuses autres atrocités ont été commises dans ce pays par l'organisation Boko Haram, proche de DAECH. La liste est longue. Malgré cela, le président nigérian, Muhammadu Buhari, avait déclaré l'an passé que l'armée nigériane avait vaincu Boko Haram.
Une réalité que nous rappelle M. Emmanuel Dupuy, spécialiste des relations civilo-militaires en Afrique sub-Saharienne:
« La situation actuelle au Nigéria a largement évolué de façon positive depuis l'arrivée au pouvoir du président Buhari: une forte mobilisation de la communauté régionale (Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, Bénin), qui est touchée par les attentats et es attaques de Boko-Haram, et la mise en place d'une force multinationale de réaction. (…) Cette coopération permet de largement réduire la force d'action de Boko-Haram.
La mobilisation internationale d'autre part, avec la mobilisation du sommet de Paris (qui avait été initiée à la demande de la France en 2014), a poussé les acteurs internationaux à se mettre au chevet du gouvernement nigérian pour éradiquer Boko-Haram. »
Le hashtag #PrayForNigeria se retrouve en tête de ceux utilisés sur Twitter. Ce tag, utilisé pour la première fois en novembre dernier, pour faire écho à #PrayForParis, à la suite d'un attentat qui a coûté la vie à plus de 30 personnes le 17 novembre 2015.
On pourra toujours évoquer la loi du mort kilométrique, qui consiste à évoquer davantage le mort de près de chez soi, plutôt que des génocides se déroulant sur un autre continent. Les médias généraux (télévision, journaux, radio) semblent suivre ce principe, sans quoi les capitales seraient aux couleurs nigériennes. La souffrance de certains n'est-elle pas plus importante que celle d'autres?
« Le hashtag démontre qu'il y a une ethno-centralité de notre vigilance et de notre préoccupation lorsque des attaques terroristes adviennent dans nos propres capitales; mais je ne crois pas que cela a été fait exprès pour que la communauté internationale regarde avec autant d'attention ce qu'il se passe dans le sud; les acteurs, les causes et la spécificité des organisations terroristes ne sont pas tout à fait les mêmes, ne suivent pas le même agenda.
Il est tout à fait bienvenu qu'il y ait ce hashtag, pour que la communauté internationale ait conscience que la guerre contre le terrorisme ne se déroule pas seulement au nord, et que les cibles et les victimes sont avant tout les populations endogènes, avec la crainte de voir la jeunesse passer de l'autres côté de la barrière. (…) »
« Les réseaux sociaux ne sont qu'un élément de vigilance et d'alerte sur la nécessité de faire œuvrer tous les acteurs, parce qu'il y a une grande différence entre le contre-terrorisme (qui est de l'apanage des autorités publiques) et la lutte contre le terrorisme (qui inclut une dimension sociétale, donc les autorités locales et la société civile).
Ces hashtags montrent que les violences ont touché Bamako, Ouagadougou et Abidjan, et que la lutte contre le terrorisme n'est pas seulement une question sécuritaire, mais a aussi des incidences sur nos choix de politique étrangère, et implique la prise en compte de la responsabilité nationale.
En parallèle, les réseaux sociaux, qui viennent d'initiatives individuelles, relaient des informations nous rappelant que la mondialisation passe par une prise de conscience que nous sommes tous concernés par le terrorisme.
En attendant, une quinzaine de femmes et de jeunes filles ont été kidnappées Jeudi soir par l'organisation terroriste, tandis que 800 personnes sont été libérées par l'armée dans le Nord du pays.
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