Le journal britannique The Guardian a publié lundi des informations selon lesquelles la Central Intelligence Agency (CIA, Agence centrale de renseignement) photographiait ses suspects nus avant de les envoyer à "ses partenaires étrangers", qui ensuite les torturaient.
Le journal fait référence à un ancien responsable américain qui aurait vu quelques-unes de ces photos et les aurait décrites comme "horribles".
Sur certaines des photos qui restent classifiées, les prisonniers de la CIA ont les yeux bandés, ils sont nus et ont des ecchymoses sur le corps. Certaines photos montrent aussi des personnes soupçonnées d'être des agents de la CIA.
On ne sait pas précisément combien de personnes, principalement des hommes, ont été capturés dans le cadre du programme de la CIA "extraordinary renditions". Ce programme prévoit des transferts extra-judiciaires de détenus vers des pays étrangers, dont beaucoup pratiquent des formes de torture encore plus brutales que la CIA. Au fil des années, des groupes de défense des droits de l'homme ont identifié au moins 50 personnes que la CIA avait envoyé à l’étranger.
Certains militants des droits de l'homme estiment que ces actions de la CIA peuvent être considérées comme de potentiels crimes de guerre.
"Est-ce que la photographie nue est une forme d'agression sexuelle? Oui. C’est une forme d'humiliation sexuelle ", a déclaré le Dr. Vincent Iacopino, directeur de l’organisation internationale Médecins pour les droits de l'homme.
Le droit international en matière de droits de l'homme, notamment les conventions de Genève, interdit de photographier des prisonniers, sauf dans des circonstances très limitées liées à leur détention, afin d'exclure tout ce qui pourrait compromettre leur dignité.
"Chaque preuve que la CIA ou toute autre agence gouvernementale américaine a intentionnellement photographié des prisonniers nus doit être l'objet d'enquête comme une violation potentielle du droit national et international", a déclaré Nathaniel Raymond, chercheur à Harvard.
La CIA a refusé de commenter cette affaire.