Traumatisé par les affrontements incessants, le Yémen peut maintenant se permettre d'avoir une lueur d'espoir. Le programme de paix récent de l'Onu est censé mettre un terme à la catastrophe humanitaire qui a lieu dans ce pays, le plus pauvre du monde arabe, et Moscou pourrait jouer un rôle éminent dans le règlement du conflit, indique Stratfor, société privée américaine qui œuvre dans le domaine du renseignement.
Une cessation des hostilités dans tout le pays est prévue à partir du 10 avril, alors qu'une nouvelle session de négociations de paix se tiendra le 18 avril au Koweït.
Cependant, les deux tentatives précédentes de régler le conflit par la voie diplomatique ont échoué.
Le gouvernement yéménite internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi s'est retrouvé dans l'impasse dans la lutte pour le pouvoir avec les rebelles Houthis dont une partie est fidèle à l'ancien président Ali Abdallah Saleh.
Les forces de la coalition arabe sous commandement saoudien soutiennent les troupes gouvernementales au sol et dans les airs depuis mars 2015. Les Houthis se sont emparés depuis fin 2014 de vastes pans du territoire yéménite ainsi que de la capitale Sanaa.
Le conflit a déjà causé la mort d'au moins 6.000 personnes, 30.000 autres ont été blessées. Approximativement 80% des 26 millions de Yéménites sont affamés et ont un besoin extrême d'assistance humanitaire.
De surcroît, la lutte pour le pouvoir et le chaos qu'elle crée a favorisé la progression des groupes terroristes, y compris Daech et Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) qui se sont taillés une place dans le pays.
Vendredi, au moins 26 personnes ont péri dans trois attentats suicides dans la ville d'Aden. Daech a revendiqué l'attaque par la suite.
Comme la crise syrienne, la guerre au Yémen est un conflit où les intérêts saoudiens et iraniens sont opposés et la Russie pourrait être médiatrice. Si elle se décide à participer au règlement du conflit yéménite, cela fera encore pencher la balance en sa faveur à la table des négociations sur la Syrie.
A titre d'exemple, Moscou pourrait proposer de "saisir" Ali Abdallah Saleh, estime Stratfor. L'alliance entre les Houthis et l'ex-président a toujours été un mariage de raison, et une tendance récente montre plutôt que le mouvement chiite souhaite négocier avec le président Hadi et les Saoudiens.
Plus généralement, une participation dans le règlement du conflit serait une démarche sage pour la Russie alors que le Yémen est devenu un échiquier global qui réunit plusieurs acteurs géopolitiques éminents. Et la présence des pions russes serait bénéfique tant pour la Russie que pour la région.