Aujourd'hui, ces États plongent dans l'abîme et ouvrent la voie aux groupes ethniques et religieux: les Kurdes, les Druzes, les ordres de derviches et les catholiques libanais ne revendiquent plus seulement le pouvoir mais l'obtiennent, en rejoignant des coalitions avec de grandes puissances. La vague du "Printemps arabe" n'a fait que les rapprocher du but. Les Kurdes, par exemple, construisent leur souveraineté sur les territoires de l'Irak, de la Turquie et de la Syrie. Cette situation convient à Israël: le renforcement des Kurdes affaiblit automatiquement les positions arabes dans la région et lui permet, dans une certaine mesure, de retenir le chaos qui avance à grand pas vers la frontière de l'État hébreu. Le fait que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait été le premier dirigeant étranger à parler ouvertement de la nécessité de reconnaître le Kurdistan irakien au niveau international ne doit rien au hasard.
En ce qui concerne la Turquie, Israël manœuvre en s'abstenant de se rapprocher d'Ankara, sans pour autant rompre les contacts avec ce pays.
La guerre civile en Syrie dicte de nouvelles règles non seulement à la Turquie, mais aussi à Israël, qui a positivement réagi à la fédération proclamée par les Kurdes au nord de la Syrie. Tel-Aviv parie sur les Kurdes dans l'espoir d'affaiblir Bachar al-Assad, qui a l'intention de rétablir la souveraineté syrienne sur le plateau du Golan — occupé par Tsahal pendant la guerre des Six jours en 1967. La stratégie israélienne de rétention arrive même jusqu'aux frontières de l'Iran, qui a laissé clairement entendre qu'il interpréterait l'indépendance du Kurdistan irakien comme un casus belli.