La Russie mène contre la Suède une "guerre psychologique", dont l'objectif est de manipuler l'opinion et d'influer sur la prise de décisions politiques. L'agence Sputnik et la chaîne de télévision RT en sont des instruments, stipule le rapport annuel de la Säkerhetspolisen (SÄPO, police de sûreté d'Etat suédoise).
"Outre les services de renseignement et de sécurité russes, nous voyons des médias et des agences d'information russes, possédant d'immenses ressources et fonctionnant de plus en plus en tant qu'instruments loyaux d'administration d'Etat. Ces groupes médiatiques, dont Sputnik et RT, travaillent tant en Russie qu'à l'étranger", lit-on dans le document.
Selon Wilhelm Unge, responsable du contre-espionnage à la SÄPO qui figure parmi les auteurs du rapport, la Russie a élargi ses méthodes d'influence sur d'autres Etats sur fond de crise en Ukraine.
"La Russie parle elle-même d'une +guerre non-linéaire+. Pour nous, c'est un bon terme, car il s'agit non seulement des méthodes militaires, mais aussi économiques, politiques, diplomatiques et informationnelles", a déclaré devant les journalistes M.Unge, en présentant le rapport.
Et d'évoquer des fausses lettres dont l'expéditeur est inidentifiable, des vols aériens russes, des démarches politiques et des mesures de rétorsion aux sanctions, l'espionnage des structures civiles et militaires.
L'analyste a également cité, parmi les méthodes d'une "guerre non-linéaire", des trolls sur les réseaux sociaux sous la rubrique "commentaires".
"Un travail aussi bien coordonné de la Russie est fort préoccupant", a signalé M.Unge.
Il estime notamment que la Russie est particulièrement intéressée par les discussions sur l'adhésion de la Suède à l'Otan et souhaiterait que des divergences éclatent au sein de l'Union européenne, ce qui pourrait accélérer la levée des sanctions.
Le rapport évoque aussi les activités du renseignement russe sur le territoire suédois.
"D'après la SÄPO, un tiers des diplomates russes en poste à Stockholm sont des agents de renseignement", dit le rapport.
Auparavant, le directeur du renseignement national des Etats-Unis, James Clapper, a accusé la Russie d'avoir intensifié la guerre informationnelle, prétendant que Moscou essayait de discréditer l'Occident, d'y "saper le consensus concernant la Russie et d'affirmer le rôle de la Russie au titre de principale puissance mondiale faisant preuve de responsabilité".