La France y est suivie par la Suède et l'Espagne avec respectivement 49 et 47 pour cent des partisans d'un référendum. Pour Pascal Cauchy, Secrétaire général de l'école doctorale de Sciences Po et chargé d'enseignement à l'Institut d'études politiques de Paris, ce n'est pas un résultat surprise.
En effet, l'euroscepticisme monte en puissance en France. Le secrétaire national du Pôle de renaissance communiste Georges Gastaud l'explique ainsi: les difficultés qu'essuie actuellement la France sont créées par Bruxelles. C'est elle qui demande au pays de faire plus d'économies, c'est elle qui ne soucie pas des besoins des secteurs nationaux en panne comme le domaine agroalimentaire en France, par exemple. C'est toujours elle qui insiste sur des réformes ultralibérales et tout à fait impopulaires auprès des Français comme la réforme du code du travail. Enfin c'est elle, Bruxelles, qui négocie le Traité transatlantique et impose aux pays membres les réglementations qui détruisent leur économie, leurs traditions et leur savoir-faire.
Le sondage allemand effectué la veille du référendum britannique a eu apparemment pour but de révéler ce qu'en pensent les Européens. Eh bien, à la question de savoir si « la Grande-Bretagne devrait quitter l'UE », les Français ont été également plus nombreux à répondre OUI. Ils sont 44 pour cent à croire que ce ne serait pas un désastre pour leurs voisins. Georges Gastaud estime que par cette réponse, les Français justifient leur éventuel vote pour le Frexit.
« Les Français envient quelque part les Anglais d'avoir gardé une certaine souveraineté plus forte que la leur en Europe. Ils constatent en outre que si l'UE perdait la Grande-Bretagne, cela montrerait que celle-là survit et que ce n'est pas une catastrophe mondiale. Et que du coup ça pourrait aussi faire la preuve que la sortie de la France ne serait pas une catastrophe pour la France».
Le slogan de Margaret Thatcher I want my money back est jusqu'à présent très populaire (dans le sens propre et métaphorique) auprès des dirigeants anglais. Et ce qui est le plus intéressant, c'est que leurs revendications sont le plus souvent acceptées par Bruxelles. Pourquoi? Les Britanniques connaissent une recette excellente. A chaque fois qu'on ne les écoute pas, ils menacent de quitter l'UE… Il ne reste aux autres membres qu'avaler la pilule. Pour les Français, c'est un peu plus difficile que pour les autres vu les relations historiquement compliquées entre la France et la Grande-Bretagne. Pascal Cauchy raconte:
« Il y a quand même un vieux fond anglophobe qui traîne en France depuis quelques siècles. Rappelez que l'adhésion de la Grande-Bretagne (à l'UE) a toujours été en France un sujet complexe. En 1963, le général de Gaulle avait refusé la candidature britannique. Le référendum de 1972 a connu un taux d'abstention record au moment de l'adhésion à la Grande-Bretagne. Si on ajoute à cela, des divergences et des points de tension assez forts comme à Calais actuellement, on a tout un panorama historique et politique qui expliquerait cette défiance ».
« Un référendum? D'abord il faudrait pour cela qu'une question institutionnelle soit posée. D'autre part, la majorité des mouvements politiques ne poseront jamais cette question. Ce n'est ni leur intérêt, ni leur doctrine. L'idée d'un référendum comme il est actuellement envisagé en Grande-Bretagne est tout à fait improbable. Par contre, s'il y avait une modification des traités, il serait possible qu'un projet référendaire soit envisagé ».
Onze ans après le rejet de la Constitution européenne, le nombre de Français qui se posent des questions sur la construction européenne reste presque le même. 54,7 pour cent en 2005 contre 53 pour cent en 2016. Mais les deux principaux partis de la France sont-ils prêts à un référendum à la britannique?
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