L'année dernière, la première édition "Quand les Russes rient" a récolté de grandes ovations s'avérant du goût des cinéphiles. Cette année, des salles parisiennes vont chuchoter de l'amour. Il s'agit des quatre salles de cinéma indépendantes, le Grand Action, le Reflet Médicis, le Balzac et le Max Linder.
Marc Ruscart, délégué général du festival, a assumé la tâche de faire connaître au public français le cinéma russe qu'il apprécie énormément. Pour cela, il s'est entouré d'une équipe avec laquelle son initiative semble tout simplement vouée au succès.
"Macha Meril, Princesse Gagarine, actrice française d'origine russe, Bertrand Tavernier, Claude Lelouche, moi-même, nous voulons montrer un grand cinéma russe face à un public français qui ne le connaît plus, trouver un grand évènement cinématographique et culturel entre nos deux grand pays qui soit un hommage à la culture", raconte-t-il à Sputnik.
Selon lui, il est nécessaire de garder des liens entre les cinéastes en France et en Russie.
"C'est pour cela qu'avec mon ami Karen Chakhnazarov, directeur de Mosfilm et réalisateur, un autre ami, Alexandre Adabachian, scénariste, on va faire un grand panorama sur l'amour des romances russes, mais aussi des jeunes films russes".
Les organisateurs souhaitent également ajouter une note d'avant-garde et d'expérimentation au festival, c'est pour cela qu'ils ont décidé d'y montrer des courts métrages et de découvrir les "jeunes" auteurs russes.
"On a choisi de montrer des classiques et de faire une compétition des courts métrages de fixions", explique M. Ruscart. "En court-métrages, il y a des choses formidables. On montre des jeunes cinéastes qui j'espère demain retrouveront toute la place qu'ils ont un peu perdu dans le cinéma russe".
Andreï Konchalovski va aussi y présenter une copie toute neuve de sa "Sibériade".
Cependant, pour Marc Ruscart, le Festival signifie non seulement l'occasion de faire connaître aux Français le cinéma russe mais aussi de donner un coup de pouce aux talents naissants.
"Dans notre équipe, on invite le Prix du festival du court métrage, le gagnant, le jeune réalisateur, au Festival de Clermont-Ferrand où il y a tous les professionnels français et les jeunes cinéastes. D'autre part, comme notre équipe et moi-même, j'ai produit le second film de Todorovski +Podmoskovnye Vechera+, on essaye de créer des co-productions pour développer des films".
Cela veut dire donc qu'il ne s'agit pas d'un festival "du bord de mer" ou "pour aller à la montagne", mais d'un événement tout à fait professionnel.
Laurent Danielou, exportateur et directeur général de Loco Films, qui a fait partie du jury du Festival international du film à Moscou, est lui aussi persuadé que le festival est extrêmement important tant pour la France que pour la Russie.
"Il y a eu une période, avant et après la Perestroïka, quand dans la salle Cosmos, on pouvait voir tous les films russes", raconte-t-il. "Quand la salle a disparu, on en montrait moins à Paris et en France. Il n'y a pas moins de films russes, que des films espagnols ou autres. Dès qu'il y a un bon film en Russie, il sort très largement en France: chaque année, il a des films russes présentés à Cannes et ailleurs".
Le festival donc est l'occasion de redécouvrir sur grands écrans, souvent en copie restaurée, de grands classiques sur l'amour, de Konchalovski et de Todorovski, de Mikhalkov et Romm qui ont marqué l'histoire, souligne M. Danielou. C'est une occasion de montrer une sélection d'environ 15 films du patrimoine et 15 films récents, des dernières années, sur le thème de l'amour en Russie.
Et si ces films russes n'arrivent pas à toucher le grand public, ce n'est pas seulement la diffusion limitée qui est à mettre en cause, estime-t-il. Les films commerciaux, d'une façon générale, ont du mal à traverser les frontières, que ça soit russes ou allemands. L'année dernière neuf films russes sont sortis en France.
"En termes d'entrées, c'est modeste mais je pense que c'est plutôt du au niveau actuel du cinéma russe qui est un peu compliqué, parce que la période est compliquée", fait-il remarquer.
Ainsi, ce type de manifestations qui attire un public important de cinéphiles dans les salles de Paris favorise cette appréciation générale du cinéma russe auprès des Français.
La place du cinéma français en Russie est aussi importante, et récemment, par exemple, Pierre Richard est venu à Moscou avec son nouveau spectacle qui a eu beaucoup de succès poursuit M. Danielou.
"Beaucoup de comédies françaises circulent bien en Russie et dans le reste du monde. L'habitude s'est créée de voir des films français, beaucoup d'acteurs français sont très connus en Russie. L'un des problèmes de diffusion du cinéma russe en France est que les comédiens ne sont pas connus par le grand public, c'est moins facile que quand vous avez les acteurs français déjà connus", signale l'interlocuteur de Sputnik.
Et c'est sur cette notoriété que va jouer la popularité et le succès certain du nouveau projet de Marc Ruscart.
"Nous allons faire en juillet à Moscou +Quand les Français aiment+ et on présentera sept films français avec des réalisateurs, ça sera la suite de +Quand les Russes aiment+, avec l'aide de l'Ambassade de France et de toute l'équipe culturelle française de Festival sur l'Amour", conclut le délégué général du festival.