ans un article consacré à cet événement, les journalistes de Zaman ont souligné que depuis quelques temps, ils fréquentaient les institutions judiciaires plus souvent que leur propre rédaction.
Selon l'agence de presse Anatolie, le tribunal a ordonné la nomination d'administrateurs judiciaires chargés de diriger le groupe Zaman.
L'agence Sputnik a demandé à Mehmet Koksal, chargé de projet à la Fédération européenne des journalistes, de commenter la décision des autorités judiciaires turques.
Selon lui, cette manœuvre touche non seulement le groupe Zaman en Turquie, mais aussi l'ensemble des journalistes travaillant pour le quotidien Zaman à l'étranger: en France, en Belgique, au Danemark, en Suède.
"Donc, il y a des correspondants de Zaman qui sont affectés par ce qui se passe. C'est quelque chose qui est inacceptable", a indiqué le responsable de la Fédération européenne des journalistes.
Le cas de Zaman n'est pas un cas à part, a rappelé l'interlocuteur de l'agence, précisant que l’affaire qui touche le quotidien n’avait rien de nouveau, un autre journal et une chaîne de télévision ayant déjà subi le même sort. Cette dernière "a déjà mis la clef sous le paillasson, c'est-à-dire que ce média a été carrément poussé à la faillite par les nouveaux administrateurs judiciaires", a constaté Mehmet Koksal.
"On critique Erdogan pour beaucoup de choses, mais on lui reconnait aussi une certaine aisance politique parce qu'il a bien saisi comment faire chanter les européens avec la question des réfugiés, tout en mettant à genoux la presse d'opposition", a affirmé le journaliste.
Son avis est partagé par un autre interlocuteur de Sputnik, Nicolas Monceau, maître de conférences en sciences politiques à l'Université de Bordeaux.
"Il semblerait que cette mise sous tutelle du journal Zaman intervient à un moment assez crucial, puisque c'est aujourd'hui, lundi, que se tient un sommet entre l'Union européenne et la Turquie sur la crise des migrants. Pour certains, cette mise sous tutelle est peut être le signe – en tout cas c'est perçu ainsi – d'une provocation commise par le gouvernement turc, par le président Erdogan face à l’Union européenne", a déclaré Nicolas Monceau.