Les protestations, précise Mme Kilik, se tiendront à Strasbourg devant le siège du Conseil de l'Europe et de la Cour européenne des droits de l'homme.
Et de rappeler: "Cizre n'est pas la seule ville où les violences battent leur plein, loin de là. D'autres villes du sud-est de la Turquie, notamment celles où l'activité des troupes irrégulières du gouvernement turque a monté d'un cran, continuent d'être la cible d'atrocités et d'attaques armées délibérées".
"Suite au couvre-feu qui dure depuis 76 jours, la population civile de la ville de Cizre reste privée d'aide médicale, d'eau courante et d'électricité", a-t-elle souligné.
Et d'ajouter: "Au moins 200 personnes ont été tuées suite à des frappes turques effectuées dans les villes du sud-est de la Turquie, où la population kurde est prédominante".
"Bien que le gouvernement turc se soit engagé à mettre un terme à l'ensemble de ses opérations à Cizre il a y deux semaines, Ankara persiste à bombarder la ville, ce qui est étayé par les images de violence que le Mouvement européen des femmes kurdes reçoit tous les jours depuis les lieux ravagés", a-t-elle fustigé.
Et de conclure: "Les autorités turques ont tout fait pour empêcher, sous couvert de +raisons de sécurité+, l'équipe du Haut-commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe de se rendre à Cizre. Il semblerait que tout cela a été fait dans le seul but de dissimuler à la communauté internationale la vérité de ce qui se passe réellement dans la ville".
Le 26 février, des militantes kurdes ont organisé un sit-in de cinq jours à Strasbourg pour attirer l'attention de la justice européenne envers le massacre des Kurdes qui se poursuit dans le sud-est de la Turquie.
Les manifestants ont dénoncé le silence des institutions européennes face à l'opération menée par Ankara contre les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans la ville de Cizre, ainsi que leur "complicité" avec le gouvernement turc dans le "génocide" de l'ethnie kurde.
L'Union européenne, tout comme Ankara, considère le PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie, ndlr) comme une organisation terroriste. En 2013, trois militantes du PKK ont été assassinées à Paris.
Après plus de deux ans de cessez-le-feu, des combats meurtriers ont repris l'été dernier entre Ankara et le PKK, faisant voler en éclats les pourparlers de paix engagés en 2012 pour mettre un terme à un conflit qui perdure depuis 1984. La situation s'est détériorée après l'attentat du 20 juillet à Suruc, près la frontière syrienne, organisé par le groupe terroriste Daech et les assassinats de policiers dans le sud-est de la Turquie, revendiqués par le PKK.