Dans une résolution adoptée à une large majorité lors d'une séance plénière à Bruxelles, les eurodéputés demandent à la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, de "lancer une initiative visant à imposer un embargo sur les armes de l'UE contre l'Arabie saoudite".
Dans un communiqué, l'organisation humanitaire Action contre la faim s'est aussitôt réjoui que l'UE "reprenne enfin la parole sur cette crise, l'une des plus graves actuellement dans le monde", rapporte l'AFP.
Certes, le texte n'est pas contraignant mais, pour Mike Penrose, directeur général d'Action contre la Faim France, "cette résolution est un signal à tous les Etats membres, les invitant à sortir du silence et à ne plus participer au désastre humanitaire en cours au Yémen".
Ryad conduit depuis mars 2015 une coalition arabo-sunnite au Yémen contre les rebelles chiites Houthis, accusés d'être soutenus par l'Iran.
Le conflit au Yémen a fait plus de 6.100 morts, pour près de la moitié des civils, et environ 30.000 blessés, selon l'ONU.
Les Etats-Unis sont le premier fournisseur d'armes de l'Arabie saoudite, avec des ventes atteignant 90 milliards de dollars entre 2010 et 2014 selon le Congrès, mais les principaux pays de l'Union européenne ont également livré récemment des bombes, équipements ou signé des contrats d'armements pour des milliards d'euros.
La France a signé en octobre 2015 des contrats avec l'Arabie saoudite dans les secteurs maritime et militaire dont la valeur est estimée à plus de dix milliards d'euros, précise Avaaz.
L'ONU s'était inquiété début janvier de l'usage de bombes à sous-munitions au Yémen par la coalition arabe emmenée par Ryad, affirmant avoir reçu des "informations inquiétantes" sur leur usage durant des attaques contre des zones résidentielles et des bâtiments civils à Sanaa le 6 janvier.
Son secrétaire général Ban Ki-moon avait mis en garde Ryad, rappelant que cela "pourrait constituer un crime de guerre".