Bien que les négociations avec les États-Unis au sujet des drones tueurs aient duré des mois, le gouvernement de Matteo Renzi n'a pas jugé nécessaire d'informer le parlement et les citoyens du pays sur ce qui se passe. Merci, les médias américains qui en ont parlé.
Cependant, le gouvernement italien, qui se met à parler à contrecœur de ce sujet après les révélations des médias américains, le fait encore vaguement, bien que l'Italie soit déjà impliquée dans des activités militaires, et pas seulement dans des "missions défensives".
"Même les drones non armés du type des Global Hawk, déployés à Sigonella depuis 9 ans, ne sont pas entièrement défensifs. Leur tâche est de surveiller et de rechercher des cibles pour les bombardiers. Même s'ils ne portent pas de missiles, ils sont des armes d'attaque et de destruction", a raconté à l'agence Sputnik l'expert militaire italien Antonio Mazzeo.
Selon lui, les drones de combat américains décollent depuis la base de Sigonella depuis 2011, quand Washington a été autorisé à déployer quelques unités pour les opérations en Libye.
Il y a quelques années, les Etats-Unis ont publié un dossier qui traitait d'un accord bilatéral entre Rome et Washington signé en janvier 2013. Il prévoyait le déploiement de six drones de combat Predator, sur la base de Sigonella, qui vont maintenant être utilisés non seulement en Libye mais aussi dans tout le théâtre des opérations africain comme au Niger ou au Mali.
"Donc, ce n'est pas une nouvelle. Sigonella, depuis longtemps, est un véritable tremplin pour les attaques, la destruction et la mort", a indiqué M.Mazzeo.
Quant à la réaction des Italiens à propos de la militarisation de l'Italie, l'analyste a fait remarquer que les gens n'étaient pas du tout informés sur ce qui se passait.
"Les citoyens du pays ont été privés du droit à l'information, ils ne savent pas ce qui se passe en Italie. La violation la plus flagrante de la constitution italienne est l'octroi des bases militaires en concession aux Américains, et le parlement garde le silence", a-t-il expliqué.
L'escalade de la militarisation de la Sicile a commencé dans les années 1970, quand 112 missiles nucléaires Cruise y ont été déployés. Aujourd'hui, la Sicile héberge non seulement la base militaire de Sigonella, mais aussi le centre militaire Muos à Niscemi et des radars énormes sont présents sur l'île de Lampedusa.
"Sur la base d'Aviano (nord-est, ndlr), il y a même des armes nucléaires américaines, ainsi que sur la base de Ghedi (nord, ndlr). Et maintenant, comme si toutes ces armes sur son territoire ne suffisaient pas, l'Italie se propose bêtement en tant que leader de la coalition en Libye", a conclu l'expert italien.