"Je suis très préoccupé par la position que j'ai entendue aujourd'hui [lors des débats à la Conférence de Munich sur la sécurité, ndlr]", a déclaré samedi l'ex-secrétaire général de l'Alliance.
"Un déplacement d'états-majors de l'Otan vers l'Est serait contraire à l'Acte fondateur, document qui nous a permis de mettre en place une structure de coopération avec la Russie. Le Conseil Otan-Russie est l’aboutissement de cet Acte", a indiqué Javier Solana avant de rappeler que les participants à la conférence de Munich avaient sans cesse insisté sur la nécessité de reprendre sinon la coopération, du moins le dialogue avec la Russie.
L'ancien dirigeant de l'Otan a cependant jugé admissible le déploiement de forces multinationales sur le flanc Est de l'Alliance selon le principe de la rotation.
Lors des débats, Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères, a qualifié la Russie "d'adversaire géopolitique" et a proposé d'annuler la partie de l'Acte fondateur qui engageait l'Otan à ne pas déployer de forces importantes et d'infrastructures supplémentaires dans les nouveaux pays membres de l'Alliance.
"L'Acte fondateur est une déclaration politique et non un document contraignant. Il a été rédigé dans des conditions de sécurité tout à fait différentes et par la Russie de l’époque: celle dirigée par Eltsine avant la seconde guerre de Tchétchénie. Nous [la Pologne et d'autres nouveaux membres de l'Otan, ndlr] n'avons pas participé à la rédaction de cet acte. Pourquoi devons-nous appliquer ses dispositions maintenant que la situation a changé?", a demandé le ministre.
"Selon les termes de ce document, l'Otan doit s'abstenir de déployer des armements importants en Europe de l'Est, mais elle a le droit d'y développer les infrastructures, dont les états-majors, les ouvrages logistiques et de nombreuses autres choses", a indiqué M. Vershbow, qui avait exercé les fonctions d'ambassadeur des Etats-Unis en Russie avant d'être promu à de hautes responsabilités au sein de l'Otan.