La semaine dernière, le chef du Pentagone Ashton Carter a déclaré que les Etats-Unis quadrupleraient le programme d'aide à leurs alliés européens en 2017 "en réponse à l'agression russe en Europe de l'est et dans le monde entier". Le budget destiné à la lutte contre l'Etat islamique n'augmentera en revanche que de 50%.
"Le message est univoque: du point de vue du Pentagone, la menace émanant de la Russie est devenue, et soudainement, plus aigüe que celle émanant de l'EI", note la journaliste.
Il se peut que les propos concernant l'augmentation des dépenses et le renforcement militaire ne soient qu'un "os à ronger" pour les pays européens en prévision du sommet de l'Otan prévu pour juillet, et qu'ils soient donc oubliés sous peu. Mais s'ils s'avèrent réels, le moment choisi pour les prononcer est des plus inopportuns.
"En s'apprêtant à augmenter leurs dépenses de la sorte, les Etats-Unis envoient à la Russie des signaux hostiles au moment où ils ont le moins de fondements pour cela", estime Mme Dejesvky.
Les activités de Washington auront deux conséquences interdépendantes. Premièrement, les Etats-Unis ont de facto déclaré qu'ils étaient prêts à assurer la sécurité des pays d'Europe de l'est. Cela veut dire que ces Etats n'auront plus aucune motivation afin de rétablir leurs relations avec la Russie. Qui plus est, Washington poussera Moscou à se préoccuper encore davantage de sa sécurité et provoquera une nouvelle aggravation des relations bilatérales, processus appelé jadis "course aux armements".