Alors que le nombre de migrants dans la Jungle de Calais serait actuellement de 4.500, selon la place Bauveau, ce camp, dans lequel les conditions de vie sont terribles, agite toute l'Europe, plus de 937.000 réfugiés syriens ayant fui la guerre se sont installés en Jordanie, selon le Haut Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) et près de 1,5 million selon des données non-officielles. A peine un tiers des 3 milliards de dollars nécessaires à la Jordanie pour la prise en charge de ces populations a été versé.
Le roi jordanien Abdallah II a déjà qualifié la situation avec les réfugiés de catastrophique et s'est adressé à la Communauté européenne: "Je pense que le barrage sera bientôt explosé… Avec la Communauté européenne, nous étions toujours main dans la main. Maintenant nous demandons votre aide et vous ne pouvez pas nous la refuser".
Si l'on compare le camp de réfugiés d'Al-Zaatari avec celui de Calais en France, qui est devenu un casse-tête pour l'Union européenne, il est clair que la Jordanie est victime d’une crise migratoire encore plus aigüe. Pendant ce temps, l'Occident se détourne des problèmes de la Jordanie.
Sputnik a demandé aux réfugiés du camp de Zaatri pourquoi ils ont fui la Syrie et comment est leur vie dans le camp.
📹 Camp de réfugiés à #Zaatari en #Jordanie. Le pays a atteint sa capacité maximale d'accueil (@bbclysedoucet) pic.twitter.com/Eej6avNSZ8
— Breaking3zero (@Breaking3zero) 3 Février 2016
Agé de 33 ans, Ahmed a fui Daraa en 2011, sa maison ayant été détruite. Il a alors pris ses enfants pour partir aussitôt en Jordanie.
"La principale raison qui m'a laissé quitter la Syrie est mes jeunes enfants. J'ai tout laissé et je suis venu en Jordanie. Vous connaissez la situation dans le pays, la guerre et la vie que nous y menons", explique Ahmed.
Un #réfugié #syrien et ses 2 filles dans le #camp de #réfugiés de #Zaatari, en #Jordanie. #SupportSyrians #IamSyrian pic.twitter.com/scgmw86eQn
— ONU PAM (@WFP_FR) 10 февраля 2016
Ses frères et sœurs sont tous restés à Deraa. Leur situation est pénible et Ahmed cherche à les faire venir dans le camp. Mais la frontière syro-jordanienne est fermée.
"Aucun Syrien n'est actuellement autorisé à venir ici. Mais dès qu'ils ouvriront la frontière, ils viendront nous rejoindre, si Dieu le veut", ajoute Ahmed.
Ahmed explique que les réfugiés sont bien accueillis par les Jordaniens. Quant aux conditions de vie, les réfugiés bénéficient de l'aide médicale et de bons alimentaires, leurs visas sont régulièrement renouvelés, les enfants vont à l'école.
Group therapy & 1on1 counselling for injured in @MSF_uk #Zaatari rehab hospital, most patients from #Dara Syria pic.twitter.com/DO7llxi4DB
— DrJavidAbdel (@thisfoolj) 9 февраля 2016
Pourtant, les bons alimentaires ne suffisent pas et il n'y a aucun travail dans le camp. Les réfugies, n'étant pas autorisés à quitter le camp, ils n'ont aucune chance de trouver du travail.
"Une fois tous les six mois on descend nettoyer des rues. Et on nous paie 30 dinars (36,7 euros). Ce n'est pas suffisant", déplore Ahmed.
La seule chose dont rêve Ahmed, c'est de pouvoir travailler:
"Une fois qu’on travaillera, notre situation s'améliorera. Comme nous n'avons pas le droit de quitter le camp – on risque d'être expulsé du pays – qu'ils nous apportent du travail ici", souligne Ahmed.
Pourtant, il n'est pas facile de donner plus de bons alimentaires alors que le petit pays dont le nombre de réfugiés constitue un sixième de sa population est au bord du gouffre.
Antoine Foucher, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) en Jordanie a plusieurs fois souligné que malgré les efforts du gouvernement jordanien, avec l'afflux des réfugiés, la situation devient de plus en plus précaire.
Pourtant, après la conférence des donateurs pour la Syrie qui s'est tenue à Londres jeudi 4 février, sous l’égide de l’Onu, la Jordanie semble avoir été entendue.
Les organisateurs de la conférence de Londres ont promis de fournir à la Jordanie des prêts à taux préférentiels et d'investir dans son économie, soit 700 millions de dollars d'aide directe chaque année durant trois ans pour améliorer les services dans les villes et les camps où vivent les réfugiés.
A son tour, la Jordanie a promis, pour la première fois d'ouvrir son marché du travail aux réfugiés. Pourtant, cette ouverture n'aura lieu qu'à la seule condition que la communauté internationale investisse dans l'industrie et l'économie jordanienne, et que de nouveaux emplois soient créés. Ce processus va surement prendre du temps. L'UNHCR a déjà promis de financer 4.000 permis de travail en Jordanie. En outre, les autorités jordaniennes savent très bien qu’il est coutume de faire des promesses dans le vide et donc ne se pressent pas pour ouvrir leur marché du travail aux réfugiés avant que les promesses ne soient réellement appliquées.