Sept mois après avoir démissionné avec fracas du gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras, l'iconoclaste économiste, chantre de l'anti-austérité, a présenté à Berlin DIEM 25 (pour Democracy in Europe — Movement — 2025), un mouvement paneuropéen qui veut agir pour plus de démocratie et de transparence dans une Union européenne ébranlée.
La solution pour gérer l'arrivée sur le Vieux Continent de centaines de milliers de personnes jetées sur les routes de l'exode par les guerres et la misère "n'est pas de construire des murs" ou des "camps de concentration", selon M. Varoufakis. "Ces barbelés et ces murs reflètent l'insécurité et ne font que répandre de l'insécurité" assène-t-il.
"La désintégration de l'Union européenne va susciter un effondrement qui va ressembler de manière terrible à ce qui s'est passé dans les années 30" avec l'arrivée des nazis au pouvoir, a-t-il prédit lors d'une conférence de presse sur l'une des scènes théâtrales les plus connues d'Allemagne, la Volksbühne.
"Ouvert à tous les démocrates libéraux, sociaux, radicaux, verts" en Europe, DIEM 25 a pour le moment bénéficié d'un soutien modéré de la gauche européenne. L'ancien ministre français Arnaud Montebourg, pourtant annoncé par M. Varoufakis, n'a finalement pas fait le déplacement à Berlin.
Deux élus européens du parti espagnol de gauche radicale Podemos étaient, eux, du voyage à Berlin, une ville choisie car "rien ne peut changer" en Europe sans "la participation intégrale de l'Allemagne", selon l'éphémère ministre grec.
Sa plate-forme prône la mise sur pied d'une "assemblée constituante" pour, d'ici 2025, rédiger une "Constitution démocratique qui viendra remplacer tous les traités européens actuels". Dans un souci de transparence, elle réclame aussi la publication ou la retransmission de toutes les réunions des dirigeants européens et de la Banque centrale européenne (BCE).
Depuis sa mise à l'écart de l'exécutif l'ex-ministre, dont le ton professoral a tant agacé à Bruxelles, a régulièrement distillé des révélations sur les coulisses des interminables négociations entre la Grèce et ses créanciers.
Qualifiant DIEM 25 de projet "absolument utopique", M. Varoufakis reconnait qu'il "pourrait très bien échouer", mais l'estime sans alternative.