Imaginez la surprise de l'habitant de la commune italienne de Villorba, Mario Pasin, qui s'est vu délivrer une vielle carte postale jaunâtre postée en 1943 dans la province de Brandebourg, en Allemagne. Il s'agit du message que son frère Ferruccio, alors détenu du camp Luckenwalde, avait adressé à sa famille il y a 72 ans de ça, rapporte La Nuova di Venezia.
"Cher papa, tout va bien pour moi et j'espère qu'il en est de même pour vous. Ne t'inquiété pas pour moi, je me débrouillerai. J'espère pouvoir bientôt vous embrasser. Bises. Ton Ferruccio", dit le message.
Cartoline dal passato: la lettera dal campo di concentramento arriva dopo 72 anni https://t.co/JVHDFZcOw1 pic.twitter.com/Er8ZL0dLq3
— la Repubblica (@repubblicait) 8 февраля 2016
L'estampe atteste que la carte postale est arrivée à Treviso le 2 janvier 1944, mais il semble qu'elle se serait perdue dans le chaos de la guerre. Ce n'est que des décennies plus tard qu'elle a été retrouvée par un chercheur. Soucieux de la remettre à ses destinataires, ce dernier a appris que la maison mentionnée dans l'adresse n'existait plus. Heureusement, le chercheur a fini par trouver la famille de Ferruccio à l'aide du facteur local qui connaissait bien les Pasin.
"J'étais à l'épicerie lorsqu'un homme qui s'est présenté comme chercheur m'a dit qu'il avait une lettre rédigée par mon père", confie Mario, 85 ans.
"Je lui ai expliqué que Ferruccio était en fait mon frère et… quelques jours plus tard la lettre m'a été livrée", poursuit-il.
La carte postale a remué des souvenirs. "J'avais deux ans lorsqu'il est revenu du front", se remémore Anna, la fille de Ferruccio, ajoutant qu'à sa vue elle s'était cachée sous le lit.
"Il ressemblait à un clochard: il avait une barbe et était mal habillé. Ses mains et ses pieds étaient glacials. Mesurant 1,80 mètre, il pesait 37 kilogrammes", poursuit-elle.
Ferruccio est retourné en Italie par train qui l'a déposé à Vérone. Ensuite il a fait 148 kilomètres à pied pour retrouver les siens. Quant à sa lettre, son chemin a été beaucoup plus long.