Ça fait déjà quelques années que l'Iran demande de remplacer le dollar comme devise de référence dans le commerce du pétrole. En 2007, Téhéran n'avait pas réussi à convaincre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de refuser le dollar que le président du pays de l'époque, Mahmoud Ahmadinejad, avait qualifié de "papier inutile".
D'après les autorités iraniennes, Téhéran préférerait n'importe quelle monnaie à la place du dollar, mais comme l'euro est la grande monnaie internationale et la récente levée des sanctions a fait de l'Europe l'un des principaux partenaires commerciaux de Téhéran, elles optent pour l'euro.
Dans cette décision, l'économiste Bertrand Chokrane voit "un pied de nez aux États-Unis".
Dans son commentaire à Sputnik, M. Chokrane a précisé que cette décision était plus politique qu'économique. L'économiste suppose également que derrière l'envie de faire des transactions en dollars se cache "une anticipation sur l'affaiblissement du dollar".
Outre la décision politique, Téhéran serait également poussé par l'envie de ne plus dépendre des banques américaines et éviter les conséquences des sanctions qui pourraient être imposées ultérieurement.
Ainsi, si les factures peuvent être gelées par un simple décret du président américain, dans l'UE il y a besoin de la Commission européenne ce qui implique une longue procédure bureaucratique qui prendrait beaucoup de temps.
"La raison pour laquelle l’Iran demande à passer par l’euro, premièrement, c’est que le dollar reste une devise qu’il est impossible à utiliser à ce stade dans les transactions extérieurs de l’Iran en raison des sanctions américaines, avec tout ce qu’il s’est passé avec la BNP et d’autres banques françaises qui se sont retrouvées accusées par les autorités américaines de détournement", a expliqué l'ancien haut fonctionnaire de la direction générale du Trésor et ancien conseiller économique dans le réseau diplomatique français à l’étranger, Laurent Padoux dans un commentaire accordé à Sputnik France.
D'après l’analyste, parmi les grandes monnaies mondiales en dehors du dollar, l’euro et dans des contrées beaucoup plus lointaines, le yen ou la livre sterling apparaissent naturellement.
Ce passage "permettrait aux opérateurs pétroliers de pouvoir commercer avec l’Iran sans courir un risque assez important" de sanctions des opérateurs étrangers par les autorités américaines, conclut Laurent Padoux.
En janvier, l'Union européenne a adopté la levée des sanctions économiques et financières contre l'Iran, juste après le feu vert de l'AIEA à la mise en œuvre de l'accord nucléaire signé en juillet avec les grandes puissances.
L'accord garantit le caractère civil du nucléaire iranien et rend quasi impossible la construction d'une bombe atomique. Sa signature, en juillet 2015, a mis fin à plus d'une décennie d'isolement diplomatique de l'Iran, dont l'économie a été lourdement pénalisée par les sanctions occidentales.