Dans ce cas-là, ce ne sont pas les autorités municipales qui réagissent, mais le gouvernement, explique M. Tauzin, lui-aussi général. Alors que la France connaît aujourd'hui une montée importante de l'exaspération contre les migrants et contre le gouvernement lui-même, contre son inaction à l'égard des migrants, elle se retrouve devant un phénomène d'un gouvernement qui n'est plus vraiment légitime.
"A partir du moment où le président de la république, le premier ministre, la plupart des élus de son gouvernement ont une côte de popularité très basse et qui continue de descendre, la légitimité démocratique commence à s'éroder très sérieusement", précise M. Tauzin.
Actuellement en France, on trouve de plus en plus de généraux qui se dressent pour contester la politique du gouvernement, poursuit M. Tauzin qui en a été le premier exemple, s'engageant lourdement en politique et souhaitant même se présenter à l'élection présidentielle de 2017. Pour un autre exemple, il y a le général Vincent Desportes, un stratège, qui réfléchit beaucoup, qui écrit et qui n'est pas engagé en politique. Finalement, il y a le général Picquemal, âgé de 75 ans, qui s'est dressé contre de graves dangers de sécurité publique, de dislocation de la cohésion nationale et de guerres ethniques et religieuses en France — et on sait bien ce qui en a résulté.
"C'est plutôt parce que le gouvernement, lui, est maintenant très tendu, aux abois, il cherche à faire d'une certaine manière avec le général Picquemal une démonstration de force à l'égard des généraux. Il commence à avoir peur des généraux", fait remarquer M. Tauzin.
Mais la question reste toujours en suspens pourquoi, pour avoir participé à une manifestation, M. Picquemal a eu une peine aussi sévère.
"La manifestation a été interdite. Et le général Picquemal a passé outre cette interdiction. Il a considéré qu'il y avait des raisons beaucoup plus importantes que le respect de la loi. Il y a des raisons plus importantes pour continuer son action. Et ces raisons plus importantes, je le redis, c'est la cohésion nationale, c'est l'identité nationale, c'est le risque de guerres civiles, ethniques et religieuses. Il a considéré qu'il y avait des raisons plus importantes, il a accepté ce risque. Après tout cet homme est un soldat. Il a couru des risques militaires et là il a accepté de courir le risque d'être emprisonné".
Mais quel que soit le gouvernement, à droite ou à gauche, la France d'aujourd'hui se trouve en présence des idéologues qui depuis des années combattent la nation, voulant lui faire changer de civilisation. Et donc il apparaît un problème quand ils sont pris au dépourvu, surtout quand la nation se réveille — voilà ce qui se passe à l'heure qu'il est.
"Il y a un véritable réveil de la nation française. Alors que les généraux soient aux premières loges de ce réveil, cela me semble normal. Et c'est quelque chose de tout à fait symbolique de la France d'aujourd'hui", résume le général Tauzin.
La manifestation interdite où a participé le général Piquemal allait apparemment à l'encontre de la politique d'Etat actuelle d'accueillir des migrants, et des policiers municipaux ont participé à l'encadrement de cette manifestation, ce qui a été révélé par une vidéo en ligne de la chaîne russe RT, raconte-t-il dans un entretien accordé à Sputnik.
"Des policiers municipaux m'ont informé de ceci, y compris des policiers municipaux de Calais. Aujourd'hui, les policiers municipaux en l'état de la réglementation ne peuvent pas participer à un dispositif de maintien de l'ordre, dans des conflits à caractères sociaux ou revendicatifs de type +manifestation+, c'est interdit par la loi", explique-t-il.
Ainsi, le policier municipal qui participe à ce type de dispositif se trouve exposé au danger de manière physique parce qu'une manifestation peut dégénérer. Et si la situation dégénère, s'il est blessé lui-même ou s'il est amené à blesser un tiers, il n'est pas couvert juridiquement. Alors qu'en France, lorsque les responsabilités sont recherchées, ça peut aller très loin, se traduire devant un tribunal et il peut y avoir des condamnations pénales fortes, ainsi que des réparations civiles importantes.
La plainte de M. Michel visait ainsi à être une action forte dénonçant et rappelant le fait que les policiers municipaux ne peuvent pas participer à ce type de dispositif.
"Déontologiquement, je ne l'accepte pas parce que les policiers municipaux ont un employeur qui est le maire, qui est un politicien", souligne-t-il. "J'estime que déontologiquement ils ne peuvent pas s'investir dans un conflit social, dans un conflit d'ordre politique. C'est déontologiquement inacceptable. Le législateur en France a entendu ne pas associer les policiers municipaux aux conflits sociaux et c'est parfaitement normal, c'est parfaitement légitime".
Mais comment se fait-il que des policiers municipaux y ont participé? Le président du SDPM estime qu'il s'agissait certainement de quelqu'un qui a donné un ordre, mais qui — la préfecture, la mairie ou bien la mairie à la demande de la préfecture — il faut encore le découvrir.
Ayant appris que des policiers municipaux ont participé à un dispositif qui encadrait la manifestation, Cédric Michel a saisi le procureur de la république en déposant une plainte, et lui a demandé d'ouvrir une enquête pour vérifier les faits et visant à établir les responsabilités dans cette affaire.
"Je veux savoir, moi, qui a donné cet ordre de faire participer les policiers municipaux à un dispositif qui encadre cette manifestation ou pourquoi ils se trouvent à proximité. (…) Je répète — la plainte ne vise pas les policiers municipaux eux-mêmes, elle vise cet ordre, elle vise l'ordre illégal pour protéger les policiers municipaux pour que cela ne se reproduise pas à l'avenir", conclut-il.