Le gouvernement du président turc Recep Tayyip Erdogan se débrouille mal face aux défis géopolitiques complexes d'aujourd'hui, rapporte le journal britannique Economist.
Ankara ne peut pas établir des relations stables avec ses alliés les plus proches, en particulier avec l'UE qui est le principal partenaire commercial de la Turquie. Une approche pragmatique domine au lieu d'une coopération stratégique car les pays européens, craignant une détérioration de la crise migratoire, proposent au gouvernement turc de renforcer le contrôle sur la frontière syrienne en échange de la reprise des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'UE. Le gouvernement d'Erdogan à son tour essaye d'astreindre l'Europe à faire de plus grandes concessions.
"Les relations ne peuvent pas être qualifiées de chaudes. La plupart des gouvernements européennes considèrent la Turquie comme un tampon plutôt qu'un partenaire", note l'édition.
Le pays est menacé d'isolement, et l'incident avec le bombardier russe Su-24 a souligné la réalité de cette menace. La confrontation avec Moscou s'est soldée par des sanctions russes, dont les pertes sont déjà estimées à 0,7% du PIB turc. En outre, Ankara consomme du gaz majoritairement en provenance de la Russie, alors que les entreprises de construction turques ont des contrats russes pour un montant de plus de 10 milliards de dollars.
"La Turquie risque de s'engager dans un affrontement non planifié mais potentiellement coûteux", estime The Economist.
Pour un pays qui se considère protégé de l'instabilité au Proche-Orient ces événements ont été un grand choc. La Turquie a trop longtemps flirté avec les islamistes radicaux en Syrie, parce qu'ils se battaient contre Bachar el-Assad, et les événements à Ankara ont montré la réticence d'Erdogan à reconnaître que sa politique était dangereuse et lourde de conséquences.