Vu l'afflux de réfugiés et migrants venus de Syrie et d'Irak ces derniers mois, Merkel a pris cette mesure dans l'urgence, vu la pression des Länder et des ministres présidents des Länder, qui ont fait savoir qu'ils ne pourraient plus accueillir en nombre massif ces réfugiés. Donc c'est une mesure provisoire, qui en principe ne sera pas étendue à long terme. C'est provisoire pour en effet éviter qu'il y ait des soucis, des problèmes au niveau de l'accueil.
L'Allemagne engage plusieurs réformes du droit d'asile. Un nouveau texte devrait être bientôt adopté, qui prévoit un durcissement des règles du regroupement familial et la création de centres pour demandeurs d'asile venant de pays dits « sûrs » et ne pouvant prétendre au statut de réfugiés. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie pourraient faire leur entrée sur la liste des pays sûrs même si le nombre de demandeurs d'asile en provenance de ces pays augmente. Isabelle Bourgeois, rédactrice en chef de la revue « Regards sur l'économie allemande », réfute le terme de « durcissement » concernant la position de Merkel. Pour elle, cette nouvelle orientation est une réponse politique aux autres pays de l'UE qui manquent à leur responsabilité:
Difficile de savoir à l'heure actuelle quel migrant bénéficiera du statut de réfugié ou de la protection temporaire. Il existe une directive européenne qui date de 2001 et prévoit un mécanisme de protection temporaire en cas d'afflux massif d'exilés, situation à laquelle l'Europe est confrontée. Cette directive prévoit la possibilité de mettre en place une protection temporaire de trois ans. Et à l'issue de ces trois années, les personnes peuvent être amenées à rentrer chez eux. En septembre dernier, Nicolas Sarkozy proposait la création d'un statut de « réfugié de guerre » provisoire. Raillé, on lui opposait un statut déjà existant en France, nommé « Protection subsidiaire »: il s'applique aux personnes soumises à des menaces grave et individuel, en raison d'une violence résultant d'une situation de conflit armé interne ou international, c'est-à-dire une situation de guerre. La personne peut bénéficier d'une carte de séjour valable un an et renouvelable pour une durée de deux ans. Est-ce que la France pourrait finir par se calquer sur l'Allemagne, comme elle l'a souvent fait depuis le début de la crise? Pour Stephan Martens, il est difficile de se prononcer, vu l'embarras général:
L'Allemagne espère encore que les autres pays européens prendront eux aussi leurs responsabilités: la chancelière a toujours considéré que la France et d'autres pays européens était frileux concernant l'accueil de migrants. Pour l'heure, la politique d'asile commune est encore un vaste chantier.
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