La campagne présidentielle en cours aux Etats-Unis montre que les jeunes sont de plus en plus déçus non seulement par la politique en tant que telle, mais aussi par la démocratie à l'américaine, constatent dans leur récente étude deux universitaires de Harvard, Roberto Foa et Yascha Mounk.
Selon ces derniers, le désintérêt des jeunes Américains pour la politique et leur manque de respect à l’égard de la démocratie est fort préoccupant.
Les universitaires citent plusieurs raisons du désengagement politique des jeunes, dont le coût d'une campagne électorale. Pour les représentants du Congrès, par exemple, elle coûte actuellement "en moyenne deux fois plus qu’il y a vingt-cinq ans", soit 1,6 million de dollars (1,46 millions d’euros). Aussi les candidats ne disposant pas d’emblée d’une fortune personnelle sont-ils disqualifiés d’office.
Par conséquent, les jeunes ont peu de chance d’intégrer ce système, dont les candidats à leur propre succession, qu’ils soient démocrates ou républicains, sont les premiers bénéficiaires.
La situation est d'autant plus préoccupante que les élus eux-mêmes déclarent haut et fort que le gouvernement est inefficace et peu réactif, voire malhonnête ou tout bonnement criminel.
Les sénateurs Ted Cruz et Bernie Sanders ne cessent de répéter, par exemple, que la corruption règne en maître à Washington. Pendant l’un des récents débats républicains qui s’est tenu à Boulder dans le Colorado, le gouverneur Chris Christie a notamment déclaré: "Ceux qui vous dirigent sont des menteurs et des voleurs!"
Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les jeunes Américains éprouvent une sorte d'aversion pour la politique. Face aux multiples preuves de l’inefficacité du gouvernement et aux accusations de corruption, les jeunes Américains veulent à tout prix sortir du statu quo actuel et se tournent de plus en plus vers les "outsiders" de la campagne, Donald Trump et Bernie Sanders.
MM.Foa et Mounk en viennent à la conclusion que les paroles et les actions des personnalités politiques ont convaincu nombre de jeunes Américains que la politique ne les concernait pas, et que la démocratie était un miroir aux alouettes.
"Malheureusement pour nous tous, ils ont bien retenu la leçon", regrettent les auteurs de l'étude.
Ils estiment que pour inciter les jeunes à s’éveiller à la politique et pour les réconcilier avec la démocratie, les candidats devraient s'adresser davantage à la jeunesse, et surtout formuler des propositions pour tenter de répondre à son insatisfaction.